La transat de Thibault Cousin
Effectuer le tour de l’Atlantique Nord en solitaire à la voile et en moins de 7 mois le tout sur un bateau de moins de 8 mètres peut sembler à première vue un projet un peu fou. C’est pourtant ce qu’est en train de réaliser Thibault Cousin.
vous pouvez aussi vous rendre sur le site perso de Thibault : La Transatlantique de Thibault
« Si ce projet me tient particulièrement à coeur, il a aussi plusieurs objectifs » explique le navigateur. En premier lieu il permettra de sensibiliser des enfants de 6 à 12 ans sur l’importance de la protection de l’océan. Ce long périple sera mis également à profit pour faire découvrir à ces enfants la diversité géographique, politique et historique de cette partie du monde, de démontrer que la voile peut être une façon de vivre et pas seulement un sport et d’apprendre à mieux utiliser les moyens de communication moderne.
Si ce projet de traversée, le départ de nos côtes est prévu entre le 15 et le 28 février, peut sembler aujourd’hui banal à tout à chacun, c’est qu’il a tout de même une particularité, et de taille, c’est que Thibault embarquera à bord de son Sangria GTE de 1974 basé au port des Bas-Sablon à Saint Malo.
Itinéraire et calendrier
« Sur le parcours il n’y a pas grand chose à dire. C’est une grande boucle pour un petit voilier. Je resterai entre les parallèles 10° Nord et 50° Nord et les méridiens 0° (dit méridien de Greenwich) et le 80° Ouest. Donc en toute logique je couperai deux fois le tropique du Cancer. Mais je ne passerai pas l’équateur » explique Thibault et d’ajouter « bien qu’attiré par l’Amérique centrale, je n’irai pas parce que le détour me ferait perdre trop de temps. Ce sera pour un futur voyage….».
Tributaires des conditions météo, le navigateur apporte quelques précisions quant à l’itinéraire et son calendrier « Ils peuvent être modifiés pendant le voyage à cause du vent et du temps en général. En effet les Alizés se mettent en place vers avril mais ils ne sont pas toujours ponctuels. De même si les conditions météo ne sont pas favorables je pourrais très bien avancer ou retarder l’appareillage ou bien encore changer de destination. En mer c’est surtout le vent qui décide ».
Le grand départ : Le départ devrait s’effectuer de France entre le 15 et le 28 février en fonction de la météo. Début mars, cabotage sur les côtes françaises puis espagnoles et enfin portugaises. Mi-mars, rendez-vous à Madère. Fin mars, cap sur les Canaries et début avril au large des côtes mauritaniennes. Mi avril, le Cap Vert, dernière escale avant la première traversée de l’océan qui devrait durer 3 semaines « pour la traversée il suffit de suivre l’autoroute des Alizés, plein vent arrière !!! » souligne Thibault non sans humour. Début mai, arrivée aux Antilles, première escale après la Transat. Pour le 15 mai je devrais être vers Puerto Rico. Fin mai une petite pause en Floride. Début juin j’entame la remontée vers le nord en faisant du cabotage sur les côtes des États Unis. Fin juin je me trouverai dans les environs de New York. Début juillet c’est fini pour les USA dorénavant ce sera du cabotage sur les côtes du Canada. Mi-juillet je commencerais à remonter le St Laurent. Début août, Québec pour un passage chez nos « cousins ». Début septembre : une courte escale à Saint Pierre et Miquelon pour préparer la traversée qui me mènera aux Açores. Fin septembre,les Açores, toute dernière escale et préparation à la dernière traversée qui devrait durer à peine plus qu’une semaine. Le retour est prévue début octobre.
Trajet réel, semaine après semaine ….. (en bleu les messages que Thibault nous a envoyés)
Étape 1 : SAINT MALO – LA COROGNE : Ti’Bo et moi sommes partis de Saint-Malo le mardi 09 avril en direction de la Corogne en Espagne. La Première journée de mer c’est plutôt bien passé, j’ai fait plus ample connaissance de mon Sangria. Mais arrivé au large de Ouessant nous avons essuyé un coup de vent. Une déferlante à fait chavirer le voilier. Pas trop de casse mais un grand désordre. Le reste du voyage c’est bien fini. Nous sommes arrivé à A Coruña le mercredi 19 Avril. Nous mettrons les voiles vers les Açores le vendredi 26 avril (pourvu que ce vendredi ne me porte pas malchance).
de : Thibault Cousin [mailto:thetibo@caramail.com] – 19 April 2002 – 19:41
Ti’ Bo mon sangria vient de faire le trajet Saint Malo – A Coruña (Espagne) en 9 jours. Il a eu un peut de mal au large de Ouessant a cause d un coup de vent et il est reste encalminé 72 heures à 50 milles des cotes espagnol. La prochaine étape sera les îles de Madère. Le tour de l’Atlantique en sangria est bien partie. Kenavo.
Étape 2 : LA COROGNE – MADERE : Le trajet La Corogne/Madère a duré 9 jours au grand largue. J’ai croisé de nombreux dauphins et quelques tortues. Madère est fantastique : il y a de nombreuses promenade à faire au centre de l’île. On y trouve plein de fruits exotiques et la végétation y est luxuriante. Un véritable bonheur.
de : Thibault Cousin [mailto:thibaukt.cousin@freesbee.fr] – 15 May 2002 – 19:42
Déjà plus d’une semaine que Ti’ Bo est a Madère. La traverse Corogne/Madere c’est très bien passée en compagnie des dauphins et des tortues. Funchal, la capital est très décevante : trop de béton et de touristes, mais l’intérieur l île est superbe. Encore quelques jours dans ce paradis de la végétation et nous repartons pour les Canaries.
Étape 3 : MADERE – TENERIFE (îles CANARIES) : Calme plat pendant 2 jours. Heureusement qu’il y a la visite des dauphins pour passer le temps …
de : Thibault Cousin [mailto:thibaukt.cousin@freesbee.fr] – 08 June 2002 – 21:40
Depuis quelques jour je suis au soleil des Canaries. Je suis arrive a Los Cristianos de Tenerife après 5 jours de mer. De Porto Santo (Madère) a Tenerife j ai eu très peut de vent j ai donc pu observer les dauphins et les tortues qui nageaient autour du bateau. A Los Cristianos on mouille au pied des hôtels et des restaurants. Heureusement, comme à Madère, il y a de nombreux bus qui peuvent nous conduire dans des endroits plus déserts. Après la végétation luxuriante de Madère, Tenerife ressemble à un gros caillou aride au couleurs sublimes. Tibo sur Ti Bo.
Étape4 : HIERRO (îles CANARIES) – NOUADHIBOU (MAURITANIE) : Un bon vent de NE force 6 m’a poussé jusqu’aux côtes africaines.
de : Thibault Cousin [mailto:thetibo@caramail.com] – 07 July 2002 – 13:31
Ti Bo et moi venons d’arriver en Mauritanie dans la Baie Cansado (Nouadhibou). je suis mouillé entre des dizaines d’épaves de énormes chalutiers. Mon Sangria fait vraiment très petit. Nous avons eu beaucoup de mal pour rentrer dans la Baie du Lévrier de nuit : épaves, bancs de sables, vent de force 6 soulevant un brouillard de sable, pas de phares…. L’intérieur de Ti Bo est recouvert de moquette, mauvaise idée. La poussière du désert et l’humidité s’incruste dans cette moquette. L’accueil au port a été très chaleureuse et les formalité assez simple (Passeport, acte de francisation et un visa pour un mois = 10 000 Ouguiyas (1euro = 280 ouguiyas au 4 juillet 2002). Nous attendons que le vent soit moins fort pour repartir vers le Sénégal. Je suis fière de posséder un voilier capable de naviguer aussi vite et aussi confortablement. TiBo.
Étape 5 : NOUADHIBOU (MAURITANIE) – DAKAR (SENEGAL)
de : Thibault Cousin [mailto:thetibo@caramail.com] – 22 July 2002 – 23:12
Après cinq jour de mer nous voici a Dakar au Sénégal. Ti Bo est mouillé a la Baie de Hann, face au Cercle de la Voile de Dakar CVD. On y trouve divers services : douche, passeur, cuisine, bar, etc. On peut même sortir le bateau pour 5 jours pour 55.000 francs CFA (100 Francs CFA= 1FF). Qui dit mieux !! je pense caréner mon voilier ici. Bien que c’est la saison des pluies, il n’a pas encore plu. Dommage car la chaleur est a peine supportable pour un petit blanc. Kenavo. TiBo.
de : Griselda Cousin, la soeur de Thibault – 04 octobre 2002 – 13:20
Thibault et le Ti’Bo sont arrivés au Cap Vert le 12 septembre sur l’île de Sal. La traversée Dakar Cap Vert a durée 5 jours. L’eau est très poissonneuse, Thibault choisit les mérous. En faisant le tour de l’île de Gorée, il a déchiré son génois. La Marie Jo, voilier français, lui a réparé. La prochaine étape est l’île de San Antone qui est, paraît-il, la plus belle des îles. Les endroits où Thibault peut se connecter sont très éloignés du mouillage, je n’ai donc pas plus de nouvelles pour l’instant. Merci de l’intérêt que vous portez à la transat du Ti’Bo et de mon frère Thibault. Griselda.
de : Thibault Cousin [mailto:thetibo@caramail.com] – 17 October 2002 – 19:39
Je manque à mes devoirs… Ti Bo est au mouillage de Mindelo à Sao Vicente au Cap Vert. Je vais le laisser quelques jours tout seul le temps de visiter l’île voisine : Sao Antao. Mon Sangria apprécie l’eau chaude et poissonneuse de ces îles. Mais il faut que je retourne a Dakar pour faire d’autres travaux. La Baille a mouillage fuit dans le bateau et c’est très désagréable. Je compte installer une plaque solaire pour ne plus avoir à utiliser le groupe électrogène. Aux escales, Ti Bo fait bien petit à côté des voiliers de voyage, mais en mer il fait souvent de bonnes moyennes. Soyez fière du votre. Kenavo. Ti Bo.
de : Thibault Cousin [mailto:thetibo@caramail.com] – 15 février 2003 – 12:46
Bonjour. Cela fait un moment que je n’ai pas donné de nouvelles. Après avoir passé deux mois au îles du Cap Vert je suis retourné a Dakar pour faire quelques aménagements sur le bateau. Ainsi Ti’Bo a un panneau solaire et une éolienne. Cela fait étrange de voir un Sangria avec un tel équipement. J ai également installé une CB pour communiquer avec les RATM (Radio Assistance Terre/Mer). Ensuite j’ai passé une semaine magique en Casamance et un mois complet dans l’archipel des Bijagos (Guinee-Bissau). Les Bijagos sont des îles fantastiques, beaucoup de poissons, d’arbres, de singes… mais la navigation y est difficile : marnage, courant, hauts fonds, et surtout pas de cartes fiables. Pour l’instant je suis de retour a Dakar pour réparer mon vit de mulet, l’antenne CB, l’ancre,… Je traverserai vers les Bahamas au mois de mars. Kenavo. Tibo.
de : Thibault Cousin [mailto:thetibo@caramail.com] – 16 mai 2003 – 18:19
Ti Bo mon Sangria vient de traverser l Atlantique en 23 jours. Je suis partie de Sal au Cap Vert et je me trouve maintenant a saint Martin (dans la partie hollandaise). La traversée a été très reposante : au largue avec un vent de 4 a 5.
Armement du bateau
Je vous propose, au travers de cette page, de suivre le voyage de Thibault qui me tiendra régulièrement au courant grâce aux moyens de communication qu’il emportera à bord. Au fur et à mesure des nouvelles qu’il me fera parvenir, je pointerai sa position sur la carte (si j’en ai) et recopierai ses messages sur cette page. D’autre part si vous avez des commentaires ou réactions, écrivez moi. Nous pourrions de la sorte constituer une sorte de forum consacré à ce voyage.
message du 22 janvier 02 : Thibault écrit : Voici comment mon Sangria sera équipé pour faire ce tour de l’Atlantique.
message du 19 février 02 : Thibault n’a pas encore pris le départ et écrit : J’ attend encore le régulateur d’allure qui devrais arriver à la fin du mois. Le départ est donc repoussé à début mars.
Gréement et voiles : Grand-voile 1 Grand-voile 2 Génois sur enrouleur ( fait en 1997 et très peut servie) Spy symétrique avec son tangon. |
Énergie : Un groupe électrogène de 650 W (Yamaha ET 800) : neuf 3 300F Un chargeur de batterie INVAC EC 310 :neuf 1 000F Une batterie de 200 Ah FULMEN Un convertisseur 12/220v de 500w |
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Électronique : Loch, seepdo, Navman PLASTIMO : neuf 2 000F Sondeur Navman PLASTIMO : neuf 2 000F GPS portable MRL SP24 :neuf 1 400F Détecteur radar MER-VEILLE :neuf 2 400F Pilote électrique AT50 PLASTIMO (1987) PC portable ACER Travel Mate 202T : promotion !! 3 500F |
Mouillage : Une ligne avec une ancre soc de charrue, 30m de chaîne, 40m de câblot. Une seconde ligne avec une ancre FOB, 15m de chaîne, et 20m de câblot. Un grappin pour l’annexe. |
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Navigation : Un régulateur Jean-Du-Sud CAP HORN : 15 000F Sextant avec les tables Santé : Tous les vaccins obligatoire + fièvre jaune. Une visite chez le dentiste. Une grosse pharmacie |
Pour le confort : 20l de pétrole pour la lampe et le réchaud Colman. 40l d ‘essence pour le HB et le groupe électrogène. 150L d’eau répartit en bidon de 20L. Une bouteille de gaz pour la cuisinière. Une cuisinière 2 feux à gaz et un réchaud de secours au pétrole/essence HB 2cv (1987) pour l’annexe Angevinière/Bombard |
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En prévision : Récepteur BLU |
Sécurité : Survie Bombard classe 5 allégé périmé (1987). Tout le petit matos obligatoire en 1ère cat. |
Échange de points de vue
Plusieurs d’entre vous ont réagi sur le voyage de Ti’ Bo : a t-il le droit de faire un tel parcours en étant armé en 3ème catégorie seulement ? et autres questions du même genre. Vous pouvez donner votre avis et je publierai ici une synthèse des messages les plus pertinents.
message de Nicolas :
Je suis avec plein d’envie le périple de Ti’ Bo, une question toutefois: son sangria n’est pas en 1ere catégorie, il est donc « hors la loi » en faisant son voyage, mais d’un autre coté, les eaux territoriales ne vont pas très loin, alors est ce que les administrations (répressives) françaises peuvent elle lui chercher des poux et le sanctionner ? Ou y a t’il un vide juridique qui nous permet encore de réaliser nos rêves plein d’embruns et de soleil, sans risquer d’y repenser après derrière les barreaux ???
de Lucien-gaston :
Pourquoi ne pas profiter de la possibilité de naviguer en 3ème catégorie pour se rendre dans un pays non répressif et de là mener à bien un projet qui me semble intéressant. Un vieux navigateur qui vient de décéder et dont j’ai oublié le nom ce soir, à bien fait plusieurs tours du monde en faisant fi des règles hexagonales avec un bateau en acier ou inox muni de plusieurs compartiments, comme les unités de marine marchande.
de Jean-François :
Pour notre part, « AMANDINE » et moi nous pensons en effet que l’administration est trop répressive, mais n’est ce pas là aussi la faute de quelques plaisanciers qui ignorent ou feignent d’ignorer que la mer cela s’apprend, ça se comprend et surtout cela se respecte. D’autant plus que maintenant, nous disposons de matériels qui représentent une véritable aide à la navigation, toutefois il ne faut jamais surestimer son bateau, ses compétences et surtout sous estimer la force des éléments, en bref il faut apprendre, observer et surtout rester humble. Ainsi vogue sûrement Ti’Bo et bon vent à toi !!!
Thibault donne son avis en réponse à mon message du 17 juin vous invitant à donner votre avis :
Je ne suis pas le seul a naviguer hors la loi, cas d’un couple en partance de la Gomera pour les Açores. Leur bateau de 7,77 m est en …. 5 ème catégorie depuis quelques années. Le problème sera au retour un France où il faudra justifier de sa provenance et je le répète que l’on soit en 4 ème ou en 1 ère catégorie, l’océan ne fait pas la différence. Seule la préparation du voilier et l’expérience du skipper compte.
kenavo. De la Gamera où le soleil brille dans de petites criques adorables. Tibo.
de Nicolas :
Je suis content de voir d’autre points de vue sur le superbe voyage de Ti’bo. Je suis d’accord avec Ti’bo: le sérieux de la préparation, l’expérience et le sens marin du skipper ne seront jamais remplacés par quelques équipements de plus ou quelques mètres de plus, même si on n’est jamais à l’abri d’une erreur, d’une défaillance matérielle inattendue ou d’un phénomène météo inhabituellement violent… Mais le fond de ma question était plus concret: que peuvent te demander les autorités françaises (en métropole et en outre-mer)? quand et où peuvent elles le faire ? Que risques tu, comment peuvent ils te sanctionner ? Bien évidement je ne remets pas en cause les compétences ni le sérieux de la préparation du marin et du bateau. Je suis plus à la recherche de conseils et d’expériences car ce genre de voyage est un rêve, qui se réalisera peut être un jour pour moi aussi, qui sait ?
Mais je ne veux pas attirer le mauvais oeil sur Ti’bo, qu’il profite surtout de ses nav et qu’il se charge l’esprit de parfums, de paysages et d’ambiances.
Bon vent, belle mer au Sangriami hauturier.
Tout a une fin
message de Griselda, soeur de Thibault, reçu le 27 mars 2004 : Je vous envoie ces quelques photos, du tour de l’Atlantique Nord du Sangria « le Ti’bo » ; en effet, le bateau a quitté les mers chaudes, a retrouvé son port d’attache en France et a passé l’hiver au port. Thibault, a quitté Dakar en Avril 2003 et après une escale au Cap Vert, s’est lancé dans la traversée de l’Atlantique qui aura durée 22 jours et s’est passée sans encombre. Thibault a même péché régulièrement du poisson. Puis en Septembre, encore une traversée mais en direction de la France cette fois-ci en évitant les cyclones. Escale aux Açores et arrivée en Bretagne.
Thibault a trouvé du travail, il passe la saison d’hiver en montagne ! Sangriamicalement, Griselda.
toutes ces photos sont prises de l’autre côté de l’Atlantique |
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