Les aventures de Mariavah
Anne-Marie Guilloux et son Sangria Mariavah ont largué les amarres le 10 juin, an de grâce 2007, dans le but de réaliser le tour de l’Irlande. Partie de Tréguier, son port d’attache, Anne-Marie nous enverra, dans la mesure de ses possibilités, des nouvelles régulières. Pour vous faire partager son aventure, j’ai ouvert cette nouvelle rubrique intitulée tout naturellement « Mariavah en Irlande ». J’ai également inclus une petite carte pour mieux se situer. Bonne lecture. Pascal.
courriel du vendredi 15 juin 2007 – 22 h 44
Pour ceux qui ne seraient pas au courant, je suis partie pour 10 semaines en Irlande avec mon petit bateau (Sangria classique de 1974). Partis de Tréguier dimanche dernier (10 juin), nous avons fait une traversée Primel-Falmouth, dans du petit temps, marquée par quelques rencontres animales : dauphins (vus de loin), un gros cétacé d’au moins 5 mètres et une invasion de mouches… et bien sûr toute une collection de navires de commerce. Mercredi, vers 11 h, nous avons quitte Falmouth et sommes arrivés ce matin a Waterford sous la pluie.
A bientot pour d’autres informations et quelques photos. Anne-Marie.
Journal d’Irlande – 1ère partie
courriel du jeudi 21 juin 2007 – 18 h 35 – objet : 1ère étape en Irlande
Bonjour a tous,
Je suis a Kinsale. 4ème jour de pluie. J’ai la bouche grande ouverte à force de la regarder tomber, j’espère que je ne suis pas en train de me transformer en poisson, en tout cas je ne sens pas encore pousser les nageoires…. Mais il y a du progrès : un peu moins d’eau. Il parait que ça s’améliore samedi. On ne peux tout de même pas passer toute sa journée au pub ! L’Irlande n’est plus ce que c’était : il y a plein de voiliers anglais…Ils n’ont plus peur de se faire couler… Je vous envoie le récit de la 1ère semaine. Bonne lecture et bon courage a tous. Anne-Marie.
de Tréguier à Crosshaven (Cork) : 478 milles
cote sud de l’Irlande – 1ère partie du voyage
Dimanche 10 juin : de Tréguier à Primel – 50 milles.
vent NE force 2-3, puis SW 2 après l’orage. Brume, soleil et pluie.
Après avoir fait les courses et préparé le bateau le samedi, c’est enfin le départ… C’en est presque reposant car nous n’avons pas chômé la veille. Le bateau est bien chargé et flotte un peu en dessous de sa ligne de flottaison habituelle. L’avenir dira ce qui a été embarqué en trop, ce qui ne marche pas et ce qu’il a été judicieux, voire génial, d’embarquer… D’ailleurs au bout de 10 jours, on commence à en avoir une petite idée ! Samedi Florent a installé l’autoradio tout neuf, mais nous avons sérieusement buté sur la fixation des enceintes, proprement incompréhensible… Il a fallu aussi aller chercher de l’essence à pied à 22h30 car la station service en face du port a enlevé (sans prévenir) sa borne pour payer par carte 24h sur 24. Fatiguant … Enfin nous voilà partis… Nous hissons les voiles dans la rivière, à la Roche Jaune. La visibilité en mer est assez médiocre, nous verrons plutôt la forme de l’Ile Rouzic que l’île elle-même. Nous passons au large des Sept Iles emportés rapidement par le courant. Au vu de l’orage qui nous vient dessus, il faut affaler le spi. Nous échappons à l’orage qui gronde sur la côte mais pas à la pluie qui efface le paysage et fait tourner le vent, nous sommes maintenant au près. Aucune rafale, juste un petit vent ténu. Il faudra mettre le moteur pour arriver jusqu’à Primel, la bouée juste à côté d’Elsewhere. Il devrait rester 50 cm sous la quille ce soir.
Lundi 11 et mardi 12 juin : de Primel à Falmouth – 125 milles.
vent NW, WNW, W puis NW force 0 à 2. Brume, soleil.
La météo annonçant un vent de secteur Sud pendant quelques jours avant une bascule au Nord-Ouest nous décidons de traverser vers la Cornouaille britannique. Il a fallu déplacer le bateau de bonne heure afin de ne pas échouer le coefficient de marée augmentant, puis attendre que la brume se lève car on ne distingue même pas la sortie du port. Vers 10 h, c’est OK et nous partons directement sous grand voile et inter. Vers 11 h, près de la balise de la Méloine, la brume s’est épaissie et nous entendons un bateau, probablement un pêcheur, s’approcher de plus en plus, voire trop près. Quelques bons coups de corne répétés et le bruit du moteur diesel diminue. Merci la minuscule corne Plastimo qui produit un nombre de décibels considérable, j’en ai encore mal aux tympans…
Les quarts se succèdent à raison de 3 heures chacun, ça a l’air d’être le bon rythme, enfin celui qui nous convient. Vers 18 h 30 nous apercevons une troupe de dauphins, il y a visiblement un banc de poissons un peu plus loin, mais ils n’approcheront pas du bateau. Quelques minutes plus tard, nous voyons un dos gris beaucoup plus grand, au moins 5 mètres, mais je dirais plus, avec un aileron pas très haut et courbe. Le cétacé nous croise et nous entendons à plusieurs reprises son souffle puissant, il doit avoir des bons poumons… Vers 22 h 30, ce sont d’autres bébêtes moins sympathiques que nous voyons : nous traversons le rail montant. Une heure après, il faut mettre le moteur, pas question de rester encalminés au milieu des cargos, ce serait comme s’arrêter au milieu d’un passage clouté. Vers 1 h 30 du matin, les rails sont traversés et le vent revient.
A midi, nous voyons la côte anglaise, cap au nord ouest vers Falmouth. Dans la passe d’entrée le vent monte et nous croisons des petits bateaux battant pavillon cornique. A 15 h 30, nous nous amarrons à la Yacht Haven Visitors Marina, après avoir en vain tenté de héler le canot du Harbour Master. Les 2 hommes à bord, à chaque fois qu’ils nous croisaient baissaient la tête et regardaient ailleurs. Apparemment, ils faisaient des ronds dans l’eau, pour apprendre à piloter mais n’avaient aucune fonction dans le port. Accueil sympa, pompe à essence sur le ponton et douches superbes, que demander de mieux… Nous sommes le seul bateau français dans le port, il y a un belge, des hollandais et des allemands. L’animation dans le port est assuré par une bande de joyeux kayakistes qui apprennent à remonter dans leur kayak après chavirage, on a froid pour eux… Dans la soirée, les vieux gréements cornouillais sillonnent la baie avec leur voile de flèche à rayures. Nous ne recommanderons pas le restaurant thai du coin où nous avons pris de la take-away food. La rue commerçante de Falmouth est pleine de boutiques sur une longue distance mais, vers 5 h 30 PM, tout est déjà fermé.
Mercredi 13, jeudi 14 et vendredi 15 juin : de Falmouth à Waterford – 231 milles.
vent : SSE, SW, SE, NE, ENE, WSW, SW, ENE et enfin NE force 1 à 2. Beau temps et pluie, beaucoup de pluie.
Difficile de savoir précisément où on peut aller avec des prévisions météo un peu fantaisistes et un vent qui virevolte. Nous quittons Falmouth vers 11 h, après une bonne grosse nuit réparatrice, et avec les prévisions suivantes : SSE 3, virant SSW 3 puis 5 puis 4 et un bon petit vent mais les choses se gâtent en approchant du Cap Lizard : Il faut tirer des bords, puis en croisant les casiers de pêcheur qui filent dans le même sens que nous mais beaucoup plus vite, il faut se rendre à l’évidence : nous reculons. Sans vent, il faut lancer le moteur. Le ciel commence à prendre une allure complètement brouillée, fort déplaisante. A 20 h, France Inter annonce pour demain matin un vent d’Est force 5 à 7. A cette heure-ci, le port de Penzance est fermé et les bouées d’attente exposées plein Sud et plein Est, inutile de chercher un refuge là-bas, il faut aller de l’avant. Le vent s’avèrera nettement moins fort que prévu, mais nous ne serons pas épargnés par la pluie qui nous arrose une bonne partie de la traversée. Pour passer Land’s End, nous remettons le moteur, inutile de trainer dans les parages, alors que le courant est pour l’instant favorable. Le phare de Longship s’éloigne peu à peu et nous apercevons le rail des cargos qui montent vers le Nord. Nous le traversons, bien en diagonale en milieu de nuit. Sous 2 ris et solent, le bateau fait des pointes à 7 voire 8 nœuds au largue.
Waterford
A 14 h 10, le lendemain jeudi, nous nous frayons un passage entre trois bateaux de pêche qui chalutent, et le soleil nous réchauffe. La mer est nettement moins encombrée que la Manche et nous arrivons à dormir lors des quarts de repos. Vers 23 h, le vent a du mal à se stabiliser et notre cap aussi, nous sommes à 62 milles de Cork et à 48 de Waterford. C’est le vent qui choisit pour nous, ce sera Waterford.
Vendredi, vers 7 h 30, nous sommes près des falaises d’Irlande, et il faut remettre au moteur vers l’Est pour trouver l’entrée de la rivière Suir. C’est sous une pluie battante que nous entamons la remontée de cette rivière et ça n’en finit pas, forcément nous sommes à contre-courant et il y a du jus ! Vers 11 h 45, nous prenons une bouée juste après le bac qui traverse le bras de mer, et hop ça va mieux à l’abri, après un ti-punch, un confit de canard et un bon bordeaux. La rivière se rétrécit et au confluent de la Suir et de la Barrow, nous nous plantons dans la vase dans un chenal balisé vert / rouge qui mène droit à un banc de vase et accessoirement à un port pour voiliers sans quille ! Le balisage à suivre était celui des marques spéciales jaunes, à laisser à bâbord, il suffisait de le savoir ! D’ailleurs, il y a de petits cargos chargés de containers qui remontent par là, il y a donc suffisamment d’eau pour un Sangria ! Nous continuons notre remontée, à 2,5 nœuds au loch mais au moins 5 nœuds sur le fond : il y a un gros courant de marée. Vers 17 h 45 nous nous amarrons à la marina de Waterford. Et là finalement nous regretterons presque d’y être venus : remontée de la rivière trop longue, le maître de port n’est pas là, il n’est pas joignable au téléphone, nous sommes enfermés à l’intérieur de la marina, il n’y a pas d’électricité au ponton, pas de toilettes, pas de douches, mais par contre un circuit de surveillance CCTV. A force de demander partout, Florent obtient un badge d’entrée au Tower Hotel et nous pouvons aller faire un petit tour en ville, petit car nous sommes bien fatigués…
Samedi 16 juin : de Waterford à Youghal – 52 milles.
vent N, NNW, WNW force 0-2 Soleil !!!
Nous quittons Waterford et sa marina avant 8 h, à la cloche de bois. Nous descendons la rivière sous le soleil, et c’est nettement plus agréable. Près de l’embouchure, nous croisons un bateau avec un pavillon blanc et rouge, d’après sont port d’attache SWERWSRIN, ou quelque chose comme ça, c’est un polonais. Vers 15 h il nous faut faire une heure de moteur. Nous apercevons des fous de bassan en pêche et derrière eux un aileron non identifié. Après avoir franchi plusieurs caps et péninsules : Mine Head, Ram Head, Black Head, nous prenons un coffre à Youghal dans la Black River. Le temps est à la pluie, il fait frais, ça n’empêche pas tous les gamins du coin de sauter à l’eau du haut du quai avec ou sans shorty. La mer doit être à 14°. Une bonne partie de la nuit, nous entendons des cris, c’est samedi soir.
Dimanche 17 juin : de Youghal à Crosshaven – 35 milles.
vent : E force 2-3. Soleil.
Nous partons de Youghal sous le soleil et hissons les voiles une demie heure plus tard à la balise Bar Rocks. A partir de Ballycotton Island, nous envoyons le spi jusqu’au-delà de Roche’s Point marquant l’entrée de la rade de Cork. Nous croisons les voiliers irlandais qui quittent les marinas de Crosshaven en début d’après-midi pour croiser dans la baie.
A la marina du Royal Cork Yacht Club, le plus ancien yacht club du monde, fondé en 1720, nous nous amarrons au bout du ponton ouest. Le dimanche ce n’est pas facile de trouver un interlocuteur dans la marina. Après plusieurs essais et trois intermédiaires, nous avons droit à une superbe grande place pour 3 nuits. L’esprit confiant, nous allons donc nous balader au village et voir de plus près une armada de joyeux pirates sur leurs petits voiliers pavoisés à l’aide de grands pavillons noirs Beamish. Un peu effrayés par la foule, nous choisissons le bar le plus calme pour déguster une petite Smithwick’s, bien venue en Irlande ! En revenant quelle n’est pas notre surprise en voyant Mariavah naviguer avec un bonhomme en rouge à la barre. Il va vers la sortie de la rivière, puis revient, puis repart et je commence à hurler après mon bateau. On est un peu rassurés en voyant un zodiac du port à couple, mais bon, ça fait quand même un choc. Finalement nous récupérons le bateau en bout de ponton.
Lundi 18 juin : Marina de Crosshaven – 0 mille.
vent : force 6-7. Pluie et soleil l’après-midi.
Toute la nuit la drisse de grand voile bat la chamade, et la pluie tombe en rythme. Au matin, le Harbour Master, enfin lui, nous indique qu’il faut déplacer le bateau, tiens donc. Toute la matinée, nous voyons une tripotée d’adolescents déplacer les voiliers dans tous les sens, une sorte de beau bordel organisé. Au bout de 2 heures, ils nous ont trouvé une super place (« You will be fine there !), collé à un ponton travers au vent, travers au courant et dans le passage des dériveurs qui s’en vont matin et soir tirer des bords dans la rivière quelque soit le temps, les moins doués cognant dans Mariavah. Par ailleurs, c’est aussi l’emplacement des navettes qui déposent les plaisanciers sur les voiliers amarrés aux bouées : Tout pour plaire ! A part ça les sanitaires sont en travaux si bien que nous avons le droit d’utiliser les douches collectives des adolescents. Encore heureux qu’il y a une douche réservée aux handicapés, et accessoirement aux adultes. Bon restaurant chinois. Quant à l’ambiance dans le plus vieux yacht club du monde, elle est plus que feutrée, réfrigérante.
Journal d’Irlande – seconde partie
courriel du mercredi 11 juillet – 13 h 07 – objet : 2ème épisode
Bonjour à tous depuis Dingle (voir la carte un peu plus haut),
Petite devinette irlandaise : Qu’est-ce qui est le plus difficile à trouver ? Un internet café pour poster ce message ou un jour pour naviguer sans prendre de risques inconsidérés ? Bon, je suis mauvaise langue, le temps s’améliore (on passe de trop de vent à pas assez : jamais contente) et je vous écris de l’internet café le plus à l’ouest de l’Europe. Tout va bien, zéro problème matériel. Hier soir, j’ai été accueillie par Fungi, le grand dauphin qui a élu domicile a l’entrée du port depuis 1983.
Je viens de la magnifique Kenmare River où il faut faire attention à ne pas écraser les macareux en passant, et puis je ne sais pas trop où je vais. J’ai pris une semaine et demi de retard dans mon planning et le vent de Nord-Ouest ne m’aide pas à poursuivre mon voyage. Mais vous le verrez en lisant l’épisode 3.
De Crosshaven à Bantry Bay : 195 milles
Mardi 19 juin : Crosshaven : 0 milles
Vent force 6-7. Pluie
A force de supplier le bureau du port, je vais avoir le droit à acheter un peu de carburant, du précieux « petrol only for members ». Sinon la journée se passe, entièrement sous la pluie, à rédiger studieusement la première partie du livre de bord que vous avez précédemment reçue. Pendant ce temps-là, les petits irlandais barbotent dans la mer, gîtent sur leur optimist ou leur laser, voire dessalent. J’ai mon apéro du soir avec les voisins français qui m’invitent à diner.
Mercredi 21 juin : Crosshaven : 0 milles
Vent force 6-7. Pluie
Il pleut, il vente toute la nuit et toute la journée. Ce matin très tôt j’avais l’impression que quelqu’un balançait des seaux d’eau sur le pont. Comme me dit un anglais de Falmouth qui attend le bus pour Cork avec moi : On se serait cru à Singapour ! Il a plu tellement que l’électricité a sauté et la porte d’accès à la marina est bloquée: Je me cramponne au grillage au-dessus de l’eau pour sortir.
A Cork, il pleut, il pleut, je craque comme le fond de mon sac en papier qui se met à répandre sur le trottoir son contenu, je n’en peux plus, je rentre. J’ai acheté un chargeur pour mes 2 batteries qui font la tête. Avec Florent on a découvert lundi avec stupeur que mon chargeur CteK chargeait à 0,8 ampères /heure : il faut du genre un million d’années pour recharger mes 2 modestes batteries… Régulièrement la prise de courant et pleine d’eau et disjoncte. Il faut dire qu’ils ont installé des prises en pente qui recueillent toute l’eau du ciel ! L’après-midi je fais quelques courses au supermarché, afin d’être prête pour le grand Ouest sauvage ! Il devrait y avoir un créneau météo demain.
Nous devenons experts en certains terme météo : Rain, très mauvais, c’est de la pluie toute la journée, showers, averses, c’est au moment où on se promène parce qu’il fait beau, qu’on en prend une bien balancée.
Jeudi 21 juin : De Crosshaven à Kinsale : 18 milles
Vent S 4 à 5. Petite pluie
De bonne heure ce matin, cela commence par de la belle pluie à moins que ce ne soit des averses. A 9h30, mon voisin revient du bureau du port avec des infos météo indiquant qu’on peut partir : vent de secteur Sud 4 à 6. Ok, c’est bon je décolle péniblement du ponton car dès que je largue les amarres mon bateau veut s’en aller sans moi, l’alimentation en essence du hors-bord saute le moteur s’arrête. Le Harbour Master finit par m’aider. 5 mn avant, j’avais aidé 2 anglais à s’amarrer. Ils sont arrivés vraiment comme des nunuches : un seul pare-battage à poste, pas d’aussières. L’un des deux passe vite une aussière au taquet sur le catway mais comme il n’a même pas fait de nœud, ça ne sert à rien ! Et bien ces deux empotés discutent avec le maître de port et ne font pas mine de m’aider, et d’ailleurs ils ne m’ont même pas dit merci pour mon aide… No comment, ça risquerait d’être violent ! A bas les anglais !
Sur la mer qui fait le gros dos, le Sangria fonce comme un Fangio. Ici, on peut pas se tromper on suit la cote on tourne après le gros rocher à droite pour arriver à Kinsale, 3 heures de nav du vent arrière au près. A Kinsale je retrouve les français partis une demie-heure plus tôt, et je m’amarre à couple d’un petit bateau de course où personne ne viendra me demander de me déplacer. Promenade dans les rues de Kinsale sous la pluie, mais il faut reconnaître qu’elle est un peu plus ténue que les jours précédents : Belles maisons anciennes, magasins de luxe, très beaux jardins. Désolée je ne prends pas de photos mon appareil n’est pas étanche. La promenade autour de Compass Hill offre de jolis points de vue sur la rivière qui serpente en entourant presque la ville. Encore des douches collectives au Yacht Club, au moins pour les visiteurs, mais ils sont fous ces irlandais. Demain si la météo est Ok je repars sur Glandore !!! Il y a bateaux à moteur qui passent et nous font danser la gigue au ponton c’est très désagréable.
Vendredi 22 juin : De Kinsale à Glandore : 30 milles
Vent de N à NW puis WNW force 2 à 4
Que dire de cette navigation, sinon qu’elle se passe sans incident aucun. C’est la journée, où les caps succèdent aux caps : Old Head of Kinsale, Seven Head, Galley Head, etc … Le temps est correct et je vois de nombreux oiseaux de mer : fous de bassan, guillemots, pingouins. L’arrivée à Glandore est superbe, toute en teintes argentées et bien entendu, je me paie une shower carabinée au moment de prendre une bouée dans la rivière. Il y a un peu de courant, le bateau a trop d’erre, je loupe la bouée, une fois, deux fois et je finis par l’attraper avec le moteur hors bord, ça va il n’y a pas de spectateurs pour critiquer la manœuvre. Il n’y a qu’un seul bateau habité, les autres ayant préféré le mouillage vers Glandore, alors que je me suis arrêtée en face de Union Hall, c’est un peu plus loin dans la rivière, plus boisé et plus abrité.
Samedi 23 juin : De Glandore à Barloge Creek : ? milles
Il fait beau, il fait chaud. Il n’y a pas de vent. Je tente le short et je me déhale à un nœud vers la sortie de Glandore, doublée par de plus grands voiliers au moteur. Leurs équipiers jettent sur moi un regard compatissant. Scotchée à 0 nœud dans la pétole, je mets le moteur et c’est là qu’apparaît une tête hors de l’eau, puis une tête avec un poitrail clair, juste pour la photo : mon premier phoque. Je coupe le moteur et la tête disparaît. Je rallume le moteur et voilà que le phoque réapparait, à croire qu’il est intrigué par le bruit du moteur. Le vent monte doucement et je tire des bords, il n’y a que 10,5 milles jusqu’à Barloge Creek et je vais parcourir 23 milles. A Toe Head je décide de passer entre la Pointe et les Stags car la route est plus courte. Résultat, je me fais un peu brasser et prends quelques vagues dans la figure. Puis il faut prendre un ris et puis manger un peu quand même. Quand je reprends la barre (merci Arthur, le pilote automatique), il me semble que nous avons dépassé Barloge Creek. Qu’importe, j’abats en estimant l’entrée de l’anse au profil de la côte et je vois deux bateaux en sortir. J’aurais eu tort de ne pas m’y arrêter, c’est un vrai écrin de verdure, une merveille ! Je jette l’ancre avec comme un doute, un voilier vient de faire la manœuvre inverse et recueille au moins 5 kg d’algues sur son ancre. Après avoir pris le thé, je gonfle mon AX1 neuve et j’y embarque mon kayak Nautiraid à assembler. Au moins, je fais la conversation avec tous les gens du coin, intrigués par le montage du kayak, qui me prend deux heures de dur labeur. A la fin, un vieux pêcheur qui a une vieille barque goudronnée (le bateau a appartenu à son grand-père) veut absolument me vendre du crabe ou du poisson. Avec le kayak, je pagaye jusqu’aux Rapids mais il n’y a pas moyen de passer dans le Lough Hyne, ce sera pour demain. C’est la première fois que je me sens réellement en vacances, cet endroit est un pur bonheur.
Dimanche24 juin : De Barloge Creek à Baltimore : 11 milles
Il est quinze heures. Je viens enfin de mouiller mon bateau dans un endroit à Baltimore où j’espère être à l’abri du coup de vent annoncé pour cette nuit. Ce matin j’ai été réveillée en sursaut par un cauchemar : j’avais décidé d’aller au Lough Hyne, il faisait très beau mais arrivée au bord du lac on n’y voyait plus rien dans la nuit et le crachin. Quelque chose a bougé à mes pieds et soudain la chose m’a sauté dessus et s’est agrippée à ma veste de quart : une grenouille. J’étais réveillée juste à temps pour capter la météo à la VHF : un avis de strong gale pour cette nuit, tard dans la nuit. En attendant, il fait un temps super, et je compte bien en profiter. Je débarque à pied pour une promenade vers le Lough Hyne. La végétation est luxuriante. Il y a notamment plein de buissons de fuchsias sauvages. J’utilise ensuite le kayak pour franchir les rapides en donnant quelques vigoureux coups de pagaies car le lac continue à se déverser dans la mer à cette heure-ci. Glisser en silence sur le Lough est vraiment fantastique.
Au moment de lever l’ancre, je suis vernie, mon voisin irlandais a la sienne coincée dans une vieille chaîne et moi je remonte la mienne sans problème, avec néanmoins quelques kilos d’algues en plus. Est ce la présence de l’eau douce qui explique cette végétation sous-marine si abondante ? Ce matin, je décide de ne pas me fatiguer, ni de prendre des risques. Il n’y a pas de vent et je mets le moteur, direction Baltimore pour trouver un bon mouillage. Je suis un peu perplexe sur le choix de celui-ci. Je vais d’abord à celui conseillé dans les instructions nautiques par vent de Nord-Ouest, puis je décide d’aller à Sherkin Island où je retrouve mes voisins de Barloge Creek. Mais c’est très exposé au vent et aux vagues. Pendant que je déjeune, les irlandais s’en vont discrètement : surtout ne pas suivre son propre conseil ! Il prétendait ce matin qu’il y avait des mouillages organisés et une petite marina : Rien du tout ! Quant à l’abri, il est conseillé par vent d’ouest mais la météo annonce du Nord-Ouest. Je repars d’où je viens. En attendant je me sui déjà pris deux bonnes showers et pour demain ils annoncent rain.
Lundi 25 juin : Baltimore : 0 milles
Le mouillage que j’ai choisi est certainement l’un des meilleurs du coin. Je suis abritée du vente et du courant. D’ailleurs, l’école de voile évolue dans le fond de la petite baie. En fait la nuit a été calme et le vent n’a véritablement commencé à souffler que vers 11h30. Je profite de mon immobilisation forcée pour faire un peu de lessive et réfléchir à la suite de ma navigation. Et ouis, j’ai emmené tellement de bouquins à lire …
Mardi 26 juin : De Baltimore à Glengariff : 60 milles
NW force 2 à 6
Et bien, aujourd’hui je me suis bien fait brasser. J’en ai eu pour mon compte. La météo annonçait plutôt un vent de Nord-Ouest 4-5. J’ai démarré mollement à l’abri des falaises de Sherkin Island puis de Clear Island, Puis au près plein ouest. Le vent a commencé à monter un peu avant midi, j’ai pris 2 ris d’un coup, attrapé au vol une canette de Coca et une banane pour le déjeuner. La mer était très en désordre : par moment des rouleaux, par moment une surface plate comme si l’on l’avait repassée. Ce sont les remous de Mizen Head qui se réverbèrent au loin, plus un phénomène de vent contre courant. Pourtant je suis très au large et passe pas loin du célèbre Fastnet. Pour le prendre en photo, je me mets à genoux dans le cockpit. Sur la première photo, il n’y a qu’un bout de rocher, la deuxième est floue et sur la troisième l’horizon est de travers, mais ça ça s’arrange ! Je n’y crois pas, après le Fastnet, je dois prendre le troisième et dernier ris. La mer est nettement mieux ordonnée mais elle forcit en même temps que le vent. Je me bagarre un bon moment au pied de mât pour affaler et hisser à nouveau la voile. Le bateau prend des chocs dans les vagues et gîte exagérément. Un énorme coup de chapeau à Arthur qui même dans les chocs garde le près sous solent. Pas possible, je prends de nouvelles rafales et Mariavah est à nouveau sur la tranche, mais qu’est ce que je peux faire ? Je ne peux pas faire de près sous solent seul !!! Au bout d’une demie-heure qui me semble des siècles, le vent mollit très légèrement et le bateau est à nouveau équilibré. Je vois au loin devant moi toute la côte irlandaise jusqu’à je ne sais pas où…
J’hésite un peu et je vire, cap plein nord. Et là, merveille, je passe très loin l’affreux et méchant Mizen Head et de beaucoup plus près Three Castle Head, je vois l’étroit bras de mer entre les falaises, Dunmanus Bay et je me dis que c’est aussi bien de ne pas y aller si je peux. Mariavah passe haut la main le dernier cap, Sheep’s Head, qui me sépare des mouillages de rêve. Je félicite mon petit bateau et je lui dis qu’il est le meilleur et le plus brave du monde. C’est en surfant à 6 ou 7 nœuds, voire un peu plus, que nous entrons dans Bantry Bay au bon plein, puis au travers. Je vais jusqu’au bout, à Glengariff. J’y arrive à 21 heures, après 12h30 d’une navigation agitée et j’ai terriblement faim !
Mercredi 28 juin : Glengariff : 0 milles
Je me réveille avec du ciel bleu et du soleil, c’est super. Le temps de me laver les cheveux, de ranger un peu le bateau et il pleut… Je suis assez découragée, mais ce n’est qu’une shower. Aujourd’hui, c’est repos et visite de ce merveilleux endroit qu’est Glengariff. Le matin, je prends un billet pour Illnacullen ou Garinish Island pour visiter le jardin italien. Ce voyage de 15mn en ferry dans la baie est vendu au prix exorbitant de 24 €, bande de truands ! Les nuages menacent fortement mais cette balade dans le jardin est magnifique. Je reviens à temps à mon bateau pour me mettre à l’abri de la seconde heavy shower de la journée, après avoir visité le pourtour de la baie jusqu’au minuscule village de Glengariff. L’après-midi, je marche jusqu’à Lady Bantry’s lookout, où la vue est magnifique sur la baie et les montagnes, puis je fais encore deux promenades dans la forêt de Glengariff, forêt de houx et de chênes, de rochers et de bruyères. A l’abri du vent, il fait bien chaud dans les sentiers, pas étonnant que la nature y soit aussi luxuriante. Glengariff est surnommée la Madère irlandaise. Le soir je retrouve mes amis Jean-François et Marie-Joseph sur leur Sunrise Atoka, où je suis invitée à dîner.
Jeudi 29 juin : Glengariff : 0 milles
Et bien aujourd’hui, on dirait plutôt une journée rain que showers. Ca ne fait rien ! Je prends le kayak et je vais voir les phoques sur leurs rochers. Ce sont des Common Seals. Il peut y en avoir jusqu’à 200 à Glengariff en période de reproduction. Comme je m’y attendais, ils plongent dès que je suis à 300 mètres d’eux. Le kayak les inquiètent alors qu’ils ne réagissent absolument aux ferries qui viennent tout près d’eux. L’un d’eux me surveille et me suit jusqu’à l’autre bout de la baie. Pendant ce temps-là, il pleut pas beaucoup mais ça finit par tremper et pour prendre des photos, c’est pas terrible. Je rentre au bateau frigorifiée en ayant mal au dos et aux jambes. L’après-midi, la pluie se calme un peu et on voit tous les plaisanciers en même temps dans leur annexe pour profiter de l’accalmie. Avec Jean-François et Marie-Joseph nous visitons Bamboo Gardens, tenu par des Belges, apparemment, puis retour au village, arrêt au pub où nous viendrons manger le soir, malheureusement, il n’y a pas de musique irlandaise, ce soir.
Vendredi 30 juin : De Glengariff à Lawrence’s Cove : 20 milles
Vent WSW puis SW force 2 à 4
Vers 9 h, je lève l’ancre popur me diriger vers Adricole, d’où j’ai envie de me lancer à l’assaut du Healy Pass, un col dans la montagne vers 450 m d’altitude. Les sommets sont dégagés aujourd’hui. Le vent est mou, il reste pas mal de vagues et je tire des bords pas très efficace pour remonter au vent vers Adricole. Vers 11h30, un petit coup de moteur pour arriver au milieu de ce vaste et superbe mouillage, au pied de la montagne. On voit une immense cascade dégringoler d’une paroi. Mais le plan d’eau est un peu agité, je suis loin du quai pour débarquer, les nuages commencent à arriver, le temps change doucement et la VHF annonce un coup de vent de Sud-Est pour la soirée. Après déjeuner, je choisis de repartir mon me mettre à l’abri dans la marina de Lawrence’s Cove sur Bere Island. Ca me permettra de faire le plein d’eau, de recharger les batteries et de laver du linge. Je me mets à couple d’un bateau anglais Holly avec l’aide du Harbour Master. Peter, mon voisin me propose une tasse de thé et une tranche de Ginger cake. Dan la soirée, il se met à pleuvoir terriblement et la nuit le vent forcit, mais la marina est bien protégée.
Samedi 30 juin : Lawrence’s Cove : 0 milles
La météo annonce à nouveau une grosse dépression pour ce soir, qui doit passer sur l’ouest de l’Irlande, youpi ! Tout le monde reste au port et dans la journée de nouveaux voiliers viennent se mettre à l’abri. Au programme de la journée : Faire sécher le linge, rédiger tout ceci, tasse de thé à 11h00 avec Peter, rencontre avec deux bretons venant de Binic, balade en début d’après-midi (avant la pluie)… Et puis c’est reparti : pluie, violentes rafales de vent. Petit goûter avec Jean-François et Marie-Joseph, pub avec Peter, Yann et son copain, dîner avec Peter (il cuisine bien), puis un coup de whisky chez les bretons, tout compte fait une journée bien remplie…
Dimanche 1er juillet : De Lawrence’s Cove à Lawrence’s Cove : 24 milles
Vent NW force 4 à 6 avec rafales
Et bien aujourd’hui, j’ai tenté une sortie. D’abord au moteur pour passer entre Bere Island et la côte, puis à la voile sous 2 ris et solent, ce qui est prudent puisque la météo annonce un vent de force 4 à 5. Je prends quelques photos du bateau de Peter, qui lui va vers Glengariff, sous foc seul .
La sortie du Sound est très impressionnante, on passe entre deux falaises et de loin la mer paraît démontée. Une grosse houle est compressée dans ce passage étroit et complètement déventée, je dois remettre en catastrophe le moteur en route pour passer entre deux petits bateaux en train de pêcher dans les remous. Derrière moi, la mer se fracasse sur une falaise sombre où un phare blanc semble suspendu. C’est une vision magnifique, mais terrifiante. La mer est forte, les vagues atteignent parfois 4 mètre de haut, elles se chevauchent, s’additionnent ou glissent sur le côté au moment où j’arrive dessus. Je me pose beaucoup de questions. Est ce que ce sont des conditions bien raisonnables pour naviguer. Ca bouge tellement que je n’arrive pas à me mettre debout dans le cockpit. Et puis des grains arrivent. Tout le paysage s’efface, noyé sous la pluie. Mon cap est très mauvais, je suis parfois obligée d’abattre en grand pour amortir le choc des vagues. Le bateau est poussé de côté comme un fétu de paille. Dans une éclaircie, je vois Sheep Head se rapprocher, alors que mon objectif Dursey Head s’éloigne. Très mauvais ! Et puis, voilà que le vent augmente, et Mariavah se retrouve sur la tranche, surtoilé. Force 5, mon œil ! C’en est trop, après deux heures et demie de navigation, j’abandonne et je fais demi-tour. Je regagne la marina, en faisant le tour de Bere Island par le large . On ne voit plus rien. Dans ma tête je calcule le cap inverse de ce que j’ai fait, entre 230 et 210° moins 180°. C’est bizarre, mais je mets un certain temps pour trouver le résultat . Au bout de 20 minutes, il pleut un peu moins, et j’aperçois des masses sombres sur ma droite, les falaises de la côte et de Bere Island.
Après avoir contourné la pointe sud de l’île, je dois tirer des bords pour remonter vers la marina et j’y arrive complètement trempée. Marie-Joseph et Jean-François me voient revenir un peu surpris mais soulagés.
Du lundi 2 au vendredi 6 juillet : Lawrence’s Cove : 0 milles
Durant ces cinq jours, ce n’est qu’une succession d’avis de grand frais ou de coup de vent. Le baromètre fait du yoyo, monte et descend, parfois à grande vitesse. Tous les jours il y a un small craft warning, annoncé à partir de force 6. Presque tous les jours il y a un gale warning à partir de force 8. Jeudi, le vent atteindra même force 9 pendant quelques heures. Heureusement la marina est extrêmement abritée, il n’y a pas de vagues, mais jeudi les bateaux prendront des coups de gîte dans les rafales. Nous avons bien entendu pluie et averses en abondance, alternant avec un temps très incertain. Impossible d’aller se promener sans se faire tremper.
Lundi, Marie-Joseph et Jean François sont partis pour Port-Médoc. Mardi, en fin de matinée, c’est Peter qui revient, juste avant que le vent redevienne méchant.
Jeudi, un voilier français est arrivé, et m’invite à déjeuner. Le le,demain il repart vers Dingle, mais je n’aimerai pas être à sa place, la mer doit être épouvantable.
Mercredi, nous sommes invités sur un voilier nord-irlandais, quatre messieurs très sympas : Adrian, William, John et Norman. Jeudi je suis invitée sur le bateau de Peter avec d’autres anglais et irlandais, Jenny, Jeff, Katherine. J’ai une peu de mal à suivre les conversations mais ça ne fait rien. Le résultat de ces soirées, c’est que j’ai un peu de mal à me lever le matin et que je parle toute seule en anglais. Pas le temps de s’ennuyer.
à gauche, une jour de pluie, à droite Peter et Holly et ci-dessous un phoque. | |
A bientôt et bon vent à tous. Anne-Marie. |
Journal d’Irlande – 3ème partie
courriel du mardi 17 juillet – 13 h 45 – objet : Irlande, 3e épisode
Bonjour a tous,
Eh oui, je progresse. J’ai atteint l’ouest le vrai, le Connemara. Le suspense reste entier : vais-je pouvoir faire le tour ou pas ? Et voila que j’ai oublié de charger l’episode 3 de mon livre de bord, alors que je viens de faire 1h30 de bus pour trouver un internet café a Galway. Pas mal non ? Ceci dit le voyage en bus valait le coup : les montagnes au loin les champs tout bosselés de cailloux et des pêcheurs à la mouche dans la rivière. Donc je ne peux que vous envoyer quelques photos cette fois-ci. Mes étapes ont été : Kenmare River (avec 3 mouillages différents), Sneem, Dunkerron Harbour et Killimakillogue, Dingle, Fenit Harbour, Inishmore (Aran Island), Cashla Bay, Rounstone.
Quant à l’épisode 4, je ne sais pas quand je pourrai le poster, si je veux faire le forcing pour gagner le Donegal et l’Ulster, ce ne sera pour tout de suite. Prochaine escale visée :Inshboffin. Portez-vous bien. Anne-Marie.
De Lawrence Cove à Cashla Bay : 247 milles
Samedi 7 juillet : De Lawrence Cove à Sneem – 40 milles
Vent WSW force 1-2 Grand beau temps
Sneem
Ça y est ! Enfin ! Super grand beau temps !
Je tiens mes promesses et je pars tôt de la marina super-protégée de Lawrence Cove, à 6h30 du matin, il est vrai qu’il fait jour une heure avant. Je croise Norman en pyjama, car notre yacht nord-irlandais doit remonter jusqu’à Bangor, ce n’est pas gagné !
Je prends une bouée ni vu ni connu à Castletownbere et je pars faire mes courses. C’est un succès total : Je vide ma poubelle (elle était fortement taxée sur Bere Island), j’achète du petrol (pardon de l’essence), à manger (il y a même du pain, qui ressemble à du pain français : petite déception lors du sandwich de midi, mais bon), échec et mat sur la bouteille de gaz : ils n’ont pas la bonne taille !
Et me voilà partie, par le même chemin que dimanche dernier, mais je reconnais à peine le paysage, nettement plus friendly. La mer est toutefois un peu tourmentée à la sortie du Sound, pas étonnant que je me sois bien fait brassée dimanche ! Un yacht anglais bleu a quitté le port peu de temps avant moi, quel courageux, je le vois tirer des bords, alors que je fais royalement une heure de moteur, le vent est contraire. Et puis finalement je hisse les voiles, et c’est parti pour tirer des bords. Aux environs de Dursey Sound je remets le moteur pour franchir ce défilé rocheux, large au début, étroit à la sortie. Il y a cet étrange téléphérique passant au-dessus de mon mât, et puis à la sortie, cette incroyable vue sur la côte irlandaise : Très au loin, Valentia et vers le large une silhouette familière, Great Skellig, et puis Scariff Island et les montagnes du Kerry , c’est époustouflant. Mais j’ai bien fait de mettre le moteur, le vent tourne dans tous les sens. Je n’aimerai pas être dans les parages par mauvais temps.
Après avoir tergiversé dans ma petite tête, j’ai soudain une idée lumineuse : Je suis très en retard pour mon tour d’Irlande, pourquoi ne pas prendre mon temps et explorer la côte Ouest ; C’est ainsi que je mets le cap vers l’intérieur de Kenmare River. Depuis ce matin (j’ai honte) j’ai eu la flemme de changer la voile d’avant, le solent est nettement insuffisant, je me traîne donc à 3 nœuds et quelques. La mer est couverte de macareux. Les pauvres oiseaux m’aperçoivent tardivement, deux options s’offrent à eux : je plonge, façon culbuto, où je m’envole, mon ventre rebondi tape dans les vagues, le tout avant d’avoir palmé énergiquement avec leurs pattes oranges foncés. Parmi ceux qui plongent, certains émergent trop près du bateau : panique à bord !
Vers 1çh20 j’approche de Sherky Island et je mets le moteur, l’entrée du mouillage de Sneem apparaît entre les îles. C’est plutôt désert, jusqu’à ce que je vois un paquet de bateaux, tous au même endroit, au creux Garinish Island, un mouillage très abrité, au milieu des bois. C’est bizarre, ça me rappelle les paysages de mangrove des mers tropicales. Il y a une grosse bouée libre, elle va être pour moi, au bout du 3ème essai. Alors qu je commence à manger, un yacht bleu et anglais arrive, est ce le même, que celui de ce matin, je ne sais pas.
Dimanche 8 juillet : De Sneem à Dunkerron Harbour – 13 milles
Vent force 3 à 6 Beau temps puis averses
Phoque à Sneem et des macareux |
La nuit aurait été calme dans ce super-cocon qu’est le mouillage de Sneem, Si ce n’est la pluie qui s’est mis à tomber à torrent au milieu de la nuit, et les deux chiens qui se sont mis à aboyer à 5 heures du matin ! Il fait grand soleil et c’est un régal, personne n’est venu réclamer la bouée. A 8h30 je pars en kayak explorer la rivière de Sneem. Le passage est un peu perturbé par de gros zodiacs qui débarquent les passagers d’un petit paquebot de croisière.
En remontant la rivière, je me trompe de branche, et j’arrive au milieu de nulle part. A force de pédaler dans la vase, puis dans la boue, j’arrive sur une route que je suis jusqu’à Sneem. J’ai oublié d’emmener un peu d’argent, c’est dommage il y a une boulangerie qui a l’air sympa. Il faut dire que le pain en Irlande, c’est quand même pas terrible. Lorsque Yann m’avait offert un pain breton l’autre jour, je ne m’étais pas rendu compte de l’ampleur du cadeau, mais maintenant encore j’en déguste chaque miette religieusement.
Même retour dans la boue mais pas dans la vase parce que la marée a monté. Je surprends des poissons dans la rivière, un héron cendré, un huitrier-pie, et deux phoques sur leur rocher . Ils ne sont pas très nerveux, car ils sont quasiment dans l’eau, il ne leur faut pas beaucoup d’effort pour plonger. Le vent a forci depuis ce matin et je sors du mouillage au moteur puis avec le solent seul, sans doute un peu de paresse de ma part.
Kenmare River est magnifique, avec ses montagnes et ses côtes un peu plus découpées que Bantry Bay. Je finis par louper certains points de repère, et je dois corriger ma route en voyant des rochers, je suis arrivée plus vite que je ne croyais vers Dunkerron Island. Comme devant presque chaque nouveau mouillage, surtout lorsque les conditions sont un peu mauvaises, j’ai un gros moment de doute : Comment être sure de bien reconnaître les îles et les cailloux, mais arrivée plus près les choses s’éclaircissent. Le vent a bien forci depuis mon départ, il y a des rouleaux un peu jaunes, car au fond de la baie, la mer prend une couleur de tourbe. J’hésite à mouiller dans cet endroit, il y a beaucoup de vent, je ne suis pas très protégée et là où sont regroupés les bateaux à moteur, il n’y a pas d’eau. Je ressors de là, mais dès que je ne suis plus à l’abri des petites îles, le vent et la mer sont durs, je ne peux pas raisonnablement regagner Sneem. Je mouille donc dans l’endroit qui me semble le mieux après avoir vérifié les instructions nautiques et je mouille moteur en marche avant pour essayer de neutraliser ma dérive due au vent
Une heure et demie après, le vent a baissé et le mouillage s’avère confortable. Je gonfle l’annexe bien décidée à aller jusqu’à Kenmare, et je ne fais même pas attention à la shower qui m’arrose copieusement. A croire que je suis désormais acclimatée. Sur la cale, un monsieur avec deux setters irlandais vient vers moi, l’un d’eux aboie constamment la bave dégouttant de ses babines. Il me propose de m’emmener jusqu’à Kenmare en voiture. Il a une superbe maison, très claire, bien chaude, avec une belle vue sur la baie, ainsi qu’une superbe voiture break Volvo intérieur cuir. Bizarrement, le setter est complètement silencieux dans la voiture. A Kenmare, les deux boutiques qui offrent accès à Internet sont fermées, je rentre à pied en me demandant si je ne me suis pas trompée de route. Le retour en annexe est épique dans les vagues, parfois je n’arrive pas à toucher l’eau avec une des rames. Mais j’ai découvert que le moteur d’annexe est verrouillé avec un cadenas dont je ne trouve pas la clé, il n’y a plus qu’à ramer !
Lundi 9 juillet : De Dunkerron Harbour à Kilmakillogue – 11 milles
Vent W 1-4 Temps nuageux avec averses. La météo de 7h00 n’est pas encourageante : WNW 5-6 puis NW 6-8. Je ne veux pas rester dans ce mouillage qui ne m’offre que la protection très limitée de rochers et d’îles basses. Je pars sans tarder pour profiter du calme de la matinée et décide de faire tout au moteur, tant pis pour le sport et de trouver un mouillage bien abrité soit à Ardgroom, soit à Kilmakilloge. La nuit à Dunkerron a été très calme, quasiment sans vent. Je ne comprends pas grand chose à la météo, l’électrocardiogramme du baromètre va rester parfaitement plat toute la journée à 1017 millibars. Les vagues augmentent de volume au fur et à mesure que je gagne le large et j’arrive en vue de Kilmakillogue au moment où le moteur menace de sortir de l’eau. Je viens juste d’amorcer mon virage vers l’entrée de la baie quand une grosse averse efface le paysage. Ca ne fait rien, l’entrée de la baie est large. Un voilier qui sortait m’a montré le chemin. C’est vrai qu’avec ma manie de naviguer à vue, j’arrive à me poser beaucoup de questions. Kenmare River est vraiment magnifique, avec ses petits mouillages au milieu des bois, et ses montagnes tout autour.
J’ai un super mouillage derrière Escadawer Pt, et dans mon enthousiasme je balance 25 mètres de chaîne pour 4m de fond, franchement ça m’étonnerait que je dérape ! Comme à ,Glengariff, la végétation ici est incroyable. Il y a la montagne très rocheuse parsemée de moutons perchés sur les pentes. Et puis en bas, la forêt, un joyeux mélange de chênes, de fougères de rhododendrons, de fuschias, de houx, de chèvrefeuille, de petites roses sauvages. C’est luxuriant et magnifique. Je n’ose imaginer cette route en mai et juin, toute bordée de rhodos en fleurs. La météo de 19h00 confirme et signe, avis de coup de vent pour ce soit et la nuit. Demain, le temps devrait être correct pour naviguer, mais encore une fois la mer ne va être jolie-jolie !
Mardi 10 juillet : De Kilmakillogue à Dingle – 56 milles
Vent de NW de 0 à 2 Beau temps puis nuageuxC’est la première fois que je relève le mouillage sans remonter des paquets immondes de vase noire et odorante, endroit béni que ce petit mouillage, partagé avec aucun autre yacht. Comme la météo avait annoncé 4-5, j’avais préparé un ris, peine perdue, la journée hésitera entre force 1-2 et pétole, de préférence soufflant juste de l’endroit où je veux aller. Je ferai donc bien pas loin de 5 heures de moteur sur 12h30 à de navigation. Ma route me fait passer à l’aplomb de superbes falaises, dont les bords font parfois penser à la lame tranchante d’un rasoir et offre diverses perspectives sur Ballingskeilligs Bay. Les choses semblent s’accélérer une fois passé Bolus Head, forcément j’ai mis le moteur. Décidément ces caps irlandais à passer, c’est autant de Cap Horn (bon faudrait quand même pas exagérer).
Les îles Skellig sont fantastiques à voir. Great Skellig ou Skellig Michael culmine à 214 mètres et semble à moitié effacée à cause de la distance ou des nuages. Little Skellig est la réplique en plus petit et quasiment au détail près de la grandeur. A un certain angle, on a l’impression d’une symétrie presque parfaite et un peu plus tard, les deux îles s’aligneront avec Lemon Rock comme pour former un groupe de poupées russes. Avec ce calme plat, il doit être possible d’y mouiller pour visiter, mais franchement je n’ai pas le courage, d’autant plus qu’une large bande de nuages gris arrive. Je n’ai pas le courage et surtout le renoncement au monde des moines venus s’installer là au 7ème siècle. Puis, je passe au ras de Puffin Island et les oiseaux me crient dessus. Peu de temps après c’est Valentia, et il faut vraiment deviner qu’il y a là un passage étroit entre les falaises et qui offre un mouillage abrité à Portmagee.
Mais c’est décidé je continue, cap sur la traversée de la large baie de Dingle. Les nuages m’ont rattrapée et font du rase-mottes, altitude inférieure à 300 m, car je ne vois pas le sommet de Valentia et je devine à peine, que de temps en temps l’autre coté de la baie : au large les îles Blasket, célèbres pour leurs conteurs gaéliques. Les îles Blasket avaient été évacuées par le gouvernement dans les années 50, à cause d’une famine quasi perpétuelle. Dans ma persistance à ne pas me servir de mon GPS, j’arrive en face de Ventry Harbour au lieu de Dingle. Ce n’est pas grave quelques kilomètres de falaise plus tard, je devine aux deux bateaux que je croise et au phare, que c’est là l’entrée de Dingle. Lorsque j’embouque le chenal balisé, je vois un aileron. Un grand dauphin vient à ma rencontre, tranquillement sans se presser. Je tape un peu sur la coque, pour le saluer, mais je suis en pleine manœuvre : affaler la grand voile, préparer les amarres, mettre les pare-battages, corriger le cap du pilote automatique, pas le temps de faire la photo.
J’amarre le bateau au ponton vers 20h30 et mes voisins irlandais s’excusent de ne pas m’avoir aidée : ils ne m’ont ni vue, ni entendue.
Mercredi 11 juillet : Dingle – 0 mille
Aujourd’hui, repos et escale technique à Dingle. C’est une ville bien coloriée à la mode irlandaise et touristique. Le maître de port, très sympa, avec un peu la tête de Pat Maloney des Chieftains (mais en mieux), m’explique que le dauphin a élu domicile à Dingle depuis 1983, il s’appelle Fungie, et c’est une vraie vedette. Il a même sa statue sur la place, des vidéos, des tour-opérateurs qui proposent d’aller le voir des plongeurs avec qui il joue, etc…Il y a des potos impressionnantes où on voit l’engin, qui mesure dans les 4mètres sauter par-dessus des gens ou des bateaux. C’est un dauphin bottlenose, je ne sais pas trop à quoi ça correspond en latin. J’achète un magnet de Fungie à l’Office du Tourisme pour le mettre sur mon réchaud à côté du petit cochon Hénaff, une vraie ménagerie, ce bateau ! J’ai expliqué mon problème de cadenas au maître de port, et il emprunte une scie circulaire au club de plongée tenu par un belge et vient couper le cadenas sur le bateau ; Ca fait des étincelles de partout, mais une des pattes inox est tronçonné en une minute, c’est vraiment super ! Bien sûr, durant toute l’après-midi, l’école de voile manœuvre imperturbable sous la pluie.
Et puis j’ai oublié : Nous sommes ici dans une région où on revendique le gaélique, allez déchiffrer le moindre panneau indicateur !
Jeudi 12 juillet : De Dingle à Fenit Harbour – 54 milles
Vent WSW 1-2. Beau temps, quelques nuages, une averse
Le bulletin météo avait prévu un vent W 4-5 puis virant S à SW 3-4. ce n’est pas tout à fait comme cela que ça s’est passé. Je suis partie assez tard de Dingle, le temps de trouver une bouteille de gaz, ce qui n’était pas gagné. Fungie m’a accompagné discrètement dès les premières bouées du chenal et je rigolait dans ma barbe de vieux loup de mer car les chasseurs professionnels de Fungie, le cherchaient en vain à l’autre bout, un vrai farceur, ce Fungie.
J’ai hissé rapidement les voiles, puis remis rapidement le moteur parce qu’avec les 66 milles que j’avais prévus de faire jusqu’à Carrigaholt dans le Shannon, cela ne le faisait pas. J’ai continué avec le moteur parce que j’étais face au vent jusqu’à Great Blasket Island, puis parce que dans le Blasket Sound j’étais déventée, puis parce que j’ai fait une tentative infructueuse sous voiles à la sortie du Sound : vent trop faible pour tenir les voiles avec la houle généreuse qui arrivait de l’Ouest. Qu’à cela ne tienne, j’avais pleine provision d’essence, de quoi tenir encore 40 milles, même si tout cela était désagréable.
En approchant de Kerry Head, j’ai pris la météo marine de 19h00 et là panique à bord : Un vent qui allait tourner dans tous les sens cette nuit, y compris de l’est force 5 à 6 puis gale warning pour demain (avis de coup de vent). Réfléchissons : Carrigaholt est encore à 20 milles, le courant n’est vraiment favorable, le mouillage est complètement ouvert à l’est et la marina de Kilrush ne sera pas accessible quand j’arriverai, la marée étant basse. Pas bon ! Je décide de me dérouter sur Fenit Harbour qui n’est qu’à 12 milles, avec le sentiment de repartir en arrière, en m’enfonçant dans la baie de Tralee, mais le mouillage est sûr. Mieux, depuis ils ont construit une marina, le luxe pour passer une nuit bien au chaud, bien qu’un mouillage douillet me suffirait. Autre luxe, j’arrive à naviguer sous voiles au 150° pendant …1h35 exactement ! La route est simple : on passe entre un énorme caillou qui fait 30 mètres de haut (Mucklaghmore) et une pointe très basse (Rough Point) et puis direct sur Lampshire Island, une île avec un phare tout blanc. B eau coucher de soleil juste avant de rentrer dans la marina puis l’arrivée au ponton est, on va dire, un peu brouillonne, no comment ! Et puis tout de suite dans le duvet, il est quand même 22h30.
Vendredi 13 juillet : Fenit Harbour – 0 mille
Bruine le matin, pluie l’après-midi, bruine en soirée puis en fin un peu de soleilLa nuit est un peu bruyante, j’ai mal attaché la drisse de grande voile, mais largement compensée par une grasse matinée jusqu’à 8h30 ! Il n’y a qu’un seul autre yacht visiteur, un anglais qui part en fin de matinée sous la pluie. La visite du pays est vite faite, j’ai traversé le bourg sans m’en rendre compte, et puis j’ai vu un panneau centre-ville indiquant l’endroit d’où je venais. Pas de quoi faire le plein d’essence, la station service est à Tralee, 15 kilomètres. Un petit peu de cuisine, un peu de machine à laver, un peu de lecture, une balade jusqu’à l’immense statue de Saint Brendan, qui se dresse à l’entrée du port, pointant son doigt vers la mer. Saint Brendan est un des saints irlandais, Brendan le navigateur. On pense qu’il est allé jusqu’en Amérique, car des écrits parlent des brouillards de Terre-Neuve, il y a aussi des descriptions de l’Islande et sa présence est attestée aux Iles Féroé.
Ce soir j’ai écouté la météo avec le maître de port. Ca va souffler un peu ferme ce soir mais demain le vent est favorable Sud puis Sud Est force 3-4, puis moins le jour suivant, ce qui devrait permettre, croisons les doigts d’atteindre les îles d’Aran et la baie de Galway demain soir. Plus tard, un bateau suisse est arrivé, avec deux femmes à bord, quivenait du Nord, en passant par l’Ecosse, et allons-y !
Samedi 14 juillet : De Fenit Harbour à Inishmore (Aran Islands) – 59 milles
W force 1 à 2. Beau temps
Le vent est gentillet ce matin à 6h30 et je quitte le ponton sans encombre. Il n’y a pas un caht dehors. Hier, j’ai vu quelques familles irlandaises arriver à bord de leur bateau pour le weekend mais personne n’est encore levé. Je hisse rapidement les voiles, ouest puis sud-ouest 3-4 ils avaient promis à la météo, et c’est rapidement pétole. La grosse houle d’ouest, parfois démesurée, vu l’absence de vent est là et déséquilibre sans arrêt le bateau. Je n’ai cependant pas les moyens de faire tout au moteur, pauvre petit moteur ! C’est donc quand la vitesse descendra durablement en dessous de 2,5 nœuds que je mettrai le moteur en route. Il me faudra donc 15 heures de navigation pour faire les 5ç milles qui me séparent de la baie de Galway, et plus précisément d’Inishmore. Il n’y a pas guère d’abri possible entre les deux sur cette côte. Avec cette vitesse d’escargot, j’ai le temps de regarder la faune. Comme d’habitude sur l’eau, il y a des macareux et des guillemots. Chez les guillemts, il y a des oiseaux tout jeunes, encadrés par un ou deux parents. J’entends parfois un guillemot crier avec un son de trompette, et j’ai l’impresion que c’est parce qu’il appelle son petit.
Après des heures de cette navigation lancinante, rythmée par le battement des voiles, je me décide à mettre le moteur vers 19 heures, alors que se profilent au loin les îles d’Aran, et aussitôt une bande dauphins vient m’escorter. Il y a deux sous-groupes, un de 4 avec un jeune et trois adultes et puis un groupe d’au moins 7 individus, mais ceux-là vont rester plus distants. Pendant trois quarts d’heure ils vont jouer en se croisant sous l’étrave du bateau. Quand les deux groupes se rejoignent j’entends leurs sifflements. Ils ont des reflets jaunes sur leur corps et des cicatrices bien visibles pour les adultes.
J’arrive à Inishmore à 21h30 et je prends une bouée jaune visiteur près du canot de sauvetage. Enfin le Connemara !
Dimanche 15 juillet : D’Inishmore à Cashla Bay – 12 milles
Vent 2 à-4.
Ce matin, je visite Inishmore. Cap sur Dun Aonghasa, C’est un fort préhistorique constitué de 4 murailles en arc de cercle le tout au bord ‘une falaise de 87 mètres de haut. Auparavant, je me fait réveiller par les vagues qui ont envahi le port, le vent ayant tourné au Sud-Est et le plan d’eau de Kilronan étant un peu ouvert de ce côté. Ce qui signifie également une traversée en annexe un peu humide. Sur la route, tous les îliens me saluent, ils vont apparement en sens inverse de moi, en bus, ou en carriole à cheval, chercher le touriste au ferry. Tant mieux les ferries ne sont pas aussi matinaux que moi.
Le site de Dun Aonghasa est vraiment impressionnant. Qu’a t-il pu arriver à ces gens sur une île de 14 km de long pour construire une fortification aussi démente ? Il y a non seulement 4 enceintes de pierre, mais tout autour des espaces plantés de chevaux de frise, c’est à dire de pierres pointues dressés empêchant d’y pénétrer à cheval et très péniblement à pied. Sur le chemin du retour, je croise des nuées de touristes à vélo, et notamment des groupes entiers de jeunes espagnols puis italiens. Je fais visite à un Pogo 8,50 de Paimpol arrivé dans l’après-midi et puis je mets les voiles. J’ai demandé à l’Office de Tourisme s’il ya vait moyen d’avoir de l’essence. Avec tous ces véhicules, il doit bien avoir une réserve secrète quelque part. Mais la dame passe un coup de fil, reste bredouille et renonce. On me dit qu’il y a une station service à Cashla Bay, près de l’embarcadère des ferries.
Vers 15 heures je m’en vais donc, tire quelques bords dans Kilronan Harbour pour économiser l’essence, évite deux ferries et mets le cap approximativement vers Cashla Bay.
Je n’ai pas une grande distance à faire, mais la mer est assez vite dégueulasse, hachée, peut-être un phénomène de vent contre courant dans le détroit qui sépare Aran de la côte irlandaise, et puis il y a aussi un gros nuage noir qui traine. Le temps est à l’orage. J’arrive à Cashla Bay sans avoir pu vérifier s’il y avait une station service à l’endroit indiqué, mais non sans avoir croisé ou été doublée par environ 6 ferries, c’est qu’il y a du trafic par ici. Les Iles d’Aran tirent la majorité de leur revenu du tourisme. Il paraît que le climat y est plus sec que sur le reste de l’Irlande.
copain de Mariavah
Castletown
Puffin Island
Kinsale
Dursey Island
Skellings
Forêts
Journal d’Irlande
courriel du 21 juillet – 11 h 59 – objet : ?
Bonjour à tous depuis Clifden,
Ne faisons pas durer le suspense, j’ai fait demi-tour. Ca m’a pris jeudi matin. J’ai eu pitié de moi et de mon petit bateau. En quittant Inishboffin, j’ai du affronter au près une mer extrêmement dure et depuis la météo n’arrête pas d’annoncer des vents de secteur nord ou nord-est. J’aurais été condamnée à tirer des bords pendant des jours et des jours.
Après cette matinée éprouvante de jeudi, hier j’ai navigué par petite brise au portant, sous le soleil, et au sec, c’était comme le paradis. Je vais donc en profiter pour explorer tranquillement les mouillages du Connemara.
Portez-vous bien et courage à ceux qui bossent. Anne-Marie.
Fungie
Journal d’Irlande – 4 ème partie
courriel du 28 juillet- 14 h 13 – objet : Irlande, 4ème épisode
De Cashla Bay à à Roundstone : 165 milles
Lundi 16 juillet
vent W ou SW ou WSW force 2-3 Beau temps
Ce matin, dès le petit-déjeuner, je me prépare psychologiquement à rechercher une station service car je n’ai plus beaucoup d’essence, environ 10 litres, quand une bien grosse pluie arrive. Mais finalement ce n’était qu’une shower. J’arme mon annexe : petit moteur hors-bord (j’ai plus d’1 mille à faire jusqu’au terminal des ferries), jerrycans, nourrice, chariot, tendeur et c’est parti ! Le gardien du parking m’indique qu’il y a bien une station service, un mille tout droit et un mille à gauche, soit en tout deux milles. Je connais le mille nautique, et même le cable, voire le yard et le feet, mais je reste hermétique au mille terrestre. En fait, ça fait environ 5 kilomètres, encore heureux que sur la moitié du parcours, il y a des trottoirs. Je trouve qu’on risque sa vie sur le bas-côté des routes irlandaises ! Après 3 heures d’effort, et après avoir fait culbuté deux fois mes bidons, je reviens au bateau avec 20 litres d’essence.
C’est parti direction Roundstone, un bon mouillage estampillé sûr. C’est une navigation pèpère sans souci le long de la côte, au soleil et par brise légère. Mais il est finalement assez tard, 17 heures plus que sonnées quand j’arrive à l’entrée du Inner Passage, un raccourci qui passe entre la côte (en fait toute une série d’iles) et des cailloux. Sans carte de détail c’est peut-être un peu osé, mais le passage s’avère aussi large que la Rade de Brest, et il y a un bon point de repère pour tourner une île de 66 mètres de haut. Comme le temps passe et les fonds remontent un peu trop vite, je finis au moteur, pour contourner S Macdalas Island et puis gagner Roundstone. Dans le port et au mouillage, il y a plein de vieux gréements en bois. D’ailleurs, j’en ai vu naviguer au loin, j’en ai pris deux pour des balises rouges à cause de la couleur de leurs voiles, mais ici il n’y a pas une seule balise, on n’est pas à Paimpol !
Mardi 17 juillet : Roundstone
Vent NW 4-5 occasionnellement 6 Averses, soleil 0 milles
Roundstone
Encore une journée sans naviguer vous allez me dire ! Mais j’ai plusieurs excuses : un small craft warning, (probabilité d’un force 6 de face tant qu’à faire), plus d’argent, plus de crédit sur le téléphone portable, mais par contre un bus à portée de main pour aller à Galway.
La journée à Galway s’impose : Internet Café, balade dans le centre médiéval, pizza, musée.Cette ville est folle ! Allez dans les rues piétonnes du centre-ville, le spectacle est assuré : un guitariste avec une partition qui s’appelle Cling Clong, et qui chante effectivement Cling Clong en tapant trois accords sur sa guitare, trois gars déguisés en super-taureaux, un défilé de jeunes costumés, un théâtre de rue, un écossais gothique jouant (bien) de la flûte irlandaise, etc. Et je passe sur les animations conventionelles : mime, marionettiste, harpiste, violoniste, chanteur de rock…
trois gars déguisés en super-taureaux
Le retour en bateau est un peu cafouilleux : Je balance mes rames à l’eau, heureusement elles tombent sous l’annexe et je n’ai pas besoin de me jeter à l’eau pour les récupérer, je rebalance une rame à l’eau, une fois arrivée sur mon Sangria, et me voilà repartie la récupérer. Moralité j’ai mouillé mon jean du dimanche à l’eau de mer, ce n’était pas prévu, et c’est contrariant !
Mercredi 18 juillet : De Roundstone à Inishboffin : 50 milles
Vent WNW puis NW puis NNW force 4 à 5
La journée a été aquatique, surtout ce matin. Ca a commencé très tôt par une averse (shower) quasi torrentielle, merci l’étanchéité des hublots. Donc du coup difficile de s’extraire du duvet. Puis se posait une question existentielle : Faut-il attendre 8h00 l’ouverture de la boutique pour prendre encore 10 litres d’essence au risque de louper un peu le courant portant vers le nord, ou pas. Je tente la boutique. Comme j’ai rangé l’annexe hier soir, j’y vais en kayak qui lui est stocké sur le pont. Pas évident de stocker mes 2 bidons de 5 litres , mais ça le fait. Sauf qu’en embarquant au retour, le kayak verse et me voilà dans l’eau. Bon, elle n’est pas si froide ; Il me faut quelques minutes (vider le kayak) et me voilà repartie. Pour une fois, les prévisions météo seront exactement ce que j’observe en direction et force du vent. J’emprunte le Deer Passage entre deux îles puis je cherche les fameux cailloux à éviter. Pour une fois j’abuse du GPS, pluie oblige, et puis je ne vois rien jusqu’à ce que j’ai paré le danger. Quand j’approche de Slyne Head, un des méchants caps irlandais, bon sang que la mer est dure ! Mariavah est transformé en sous-marin, mais je ne sais pas trop si c’est à cause de la pluie ou des vagues. Les deux, bien sûr ! Il faut vraiment avoir envie de remonter dans le nord, avec un vent du nord. Ca s’appelle tirer des bords, deux fois la route, trois fois le temps ! Le tout s’améliore une fois passé Slyne Head, et je file vers le nord, jusqu’à ce que le vent tourne un peu. Cela m’oblige à nouveau à tirer des bords pour contourner High Island, que j’ai confondu un temps avec mon but, Inishboffin, impatience oblige ! Et ça recommence, voilà que la mer est dure, formant des rouleaux alors que la force du vent ne le justifie pas. Dès que j’ai contourné cette île Inishboffin s’offre à moi dans toute sa plénitude et je fais cap droit sur le port à la vitesse de 6 nœuds.
Je n’ai croisé qu’un seul bateau de toute la journée, à High Island et voilà que je tombe nez à nez (on devrait dire proue à proue) avec un yacht anglais qui apparemment vise exactement la même place que moi au mouillage. Comme je pars à la dérive, je renonce rapidement et m’encastre nickel entre deux bateaux du crû. Pendant ce temps-là les anglais en sont à leur 4ème manœuvre de mouillage, bien fait pour eux ! Je n’ai pas vu un seul bateau de la journée, et voilà que nous sommes maintenant quatre yachts dans le port.
Jeudi 19 juillet : De Inishboffin à Little Killary : 31 milles
Ce matin, en écoutant la VHF, je n’en crois pas mes oreilles. Ils annoncent du vent de secteur sud sur toute l’Irlande, sauf dans ma zone de navigation. Moi, justement qui veux remonter vers le Nord, mais qui m’en veut ? Le vent annoncé est nord-nord-est. Je longe la côte sud d’Inishboffin, à bonne vitesse et me fait cueillir lorsque je déborde Shark Island par une mer épouvantable. Des vagues hautes, un peu croisées, à géométrie variable, qui me font écarquiller les yeux comme des soucoupes. Pour un vent annoncé de force 3 à 4, la mer est épouvantable. Sans doute il y a la conjugaison de plusieurs facteurs : vent contre-courant, contournement par le courant de l’île, plus la houle de l’Atlantique et un vent qui a changé de direction depuis environ 15 heures. Mariavah tape dans les creux, se fait jeter de côté une ou deux fois par une vague, et par arroser le tout il pleut. Je ne me vois pas aller jusqu’à Blacksod Bay qui est à plus de 30 milles au nord en tirant des bords dans cette mer furieuse. Bon, allez, le sort en est jeté, je ne ferai pas le tour de l’Irlande cette fois-ci. Dire que si je l’avais entrepris en sens contraire … J’ai atteins ma limite de masochisme. En plus cette nuit j’ai fait plusieurs cauchemars qui tournaient autour de : Comment faire pour trouver un transport d’Inishboffin à Dublin pour aller chercher mon équipier, Joël. ; dema,der des jours de congé supplémentaires à mon employeur pour ramener mon bateau resté à Inishboffin … Je tire des bords, enveloppé dans ma veste de quart qui prend l’eau abondamment, jusqu’à parer Inishboffin, et direction le mouillage de rêve Little Killary, dont m’a parlé Peter. Je zappe les instructions nautiques alambiquées pour entrer dans Killary Harbour, la navigation à vue devrait suffire. Par contre, je suis presque à la lettre celles pour entrer dans Little Killary, quand en les relisant je m’aperçois qu’à marée basse tous les cailloux apparaissent. Un peu avant d’arriver j’entends une sonnerie dont j’ai un peu de mal à trouver la source à travers mon bonnet trempé et ma capuche. C’est le sondeur, qui affiche un signal indiquant que la batterie est faible, ce que confirme le pilote lorsque j’essaie de le mettre en route. Ca ne fait rien, on fera sans, d’autant plus que je commence à être bien à l’abri dans la baie. Un pêcheur dans sa barque se met à ramer vers le rivage lorsqu’il voit Mariavah faire des zigzags inquiétants, mais bon le moteur est lancé, le solent affalé et la grande voile aussi, il y a quand même de la place pour manœuvrer. Je mouille dans un paysage magnifique, encastré dans les montagnes, et notamment au pied du sommet du Comté de Mayo, Mweelrea (815 m), avec un côté boisé, et un côté rocailleux parsemé de moutons.
Vendredi 20 juillet : De Little Killary à Clifden River : 27 milles
Vent ENE force 1 à 3. Beau tempsC’est par une brise très légère au début et sous le soleil que commence une navigation, telle que je ne l’ai pas encore pratiquée jusqu’ici en Irlande : en empruntant les passages entre les îles et les cailloux près de la côte. Quel contraste avec la matinée d’hier et quel plaisir de voguer tranquillement au soleil, bien au sec, poussés par le vent et le courant. Les vaguelettes prennent à certains endroits des formes aigues et hérissées, montrant bien que le courant est contrarié dans les passages étroits. Ce cabotage ne serait pas possible par bonne brise et il faudrait passer au large. Au bout de cinq heures d’une navigation peu rapide, je débouche dans la baie de Clifden, profonde de plus de 5 milles. La balise blanche à l’entrée de la rivière permet de la situer de loin. Il ya bien quelques cailloux dans la baie mais ils sont tous visibles. Je navigue donc à vue une fois de plus, la carte sur les genoux. Il est 16h30 lorsque je prends une bouée dans la rivière de Clifden, Mais le temps très menaçant sur cette partie de la côte me fait renoncer à des cendre à terre. Les nuages s’accrochent aux montagnes et prennent une belle teinte violette. Je reste donc à bord à paresser encouragée par les averses qui défilent.
Samedi 21 juillet : De Clifden River à Roundstone : 27 milles
Vent N puis WNW puis NW puis NNW force 2 à 4. Beau temps.
Ce matin, le temps est au beau fixe et j’en profite pour débarquer en kayak et aller à pied jusqu’à Clifden. J’aurais du courant favorable pour descendre dans le Sud puis vers la Baie de Galway qu’à partir de 13h00. Clifden est une ville touristique, la capitale du Connemara. J’en profite pour faire quelques courses, trouver (enfin) du bon pain, prendre un délicieux chocolat chaud et profiter de l’internet café. Je quitte le mouillage en début d’après-midi et hisse les voiles à la sortie de la rivière. Je m’aperçois assez vite qu’un courant non négligeable m’attire vers le sud. Je pare donc le rochers et ne met pas le cap sur Slyne Head, qui va se rapprocher tout naturellement vu mon allure en crabe. Les instructions nautiques annonçaient jusqu’à 2 noeuds de courant au cap, mais il y en a aussi beaucoup dans la baie de Clifden. Slyne Head que j’avais passé dans les vagues à l’aller s’avère inoffensif aujourd’hui même si je me méfie du courant jusqu’à ce que j’ai doublé le cap. En approchant de Roundstone et de ses cailloux je suis doublée par un voilier irlandais de 8 mètres qui ronronne sous spi et me double sans problème. Je suis déjà à 5 nœuds et l’idée de mettre le spi ne m’a pas fait effleurer. J’hésite entre prendre un mouillage dans Bertraghboy Bay mais finalement je reviens au même endroit qu’il y a 5 jours. Aujourd’hui il y avait une régate de vieux gréements et la soirée risque d’être un peu agitée.
Depuis le mouillage, la vue est imprenable sur les Twelve Pins, les 12 sommets du Connemara. Ils sont couronnés de nuages et le spectacle est vraiment magnifique avec en premier plan le miroir de la rivière et les vieux voiliers noirs.
Dimanche 22 juillet : Roundstone : 0 milles
Vent très faible. Beau tempsAu programme aujourd’hui :
régates de hookers (à gauche), courses de curraghs (à droite) et musique traditionnelle |
Lundi 23 juillet : De Roundstone à Inishmore : 24 milles
Vent NE puis ESE 0 à 2 puis NNW 5-6. Beau temps
Départ de bonne heure à 7h40, c’est normal après la journée d’hier ! Un petit vent tranquille me pousse entre les cailloux d’Inner Passage mais une fois arrivée dans le détroit entre les Iles d’Aran et la côte, c’est la pétole. Il me faut 2h30 de moteur pour gagner Kilronan. Le long de la côte d’Inishmore le vent se lève à nouveau et lorsque je vais pour prendre une bouée, il souffle à force 5. C’est au bout de la 5ème tentative que je l’attrape. A chaque fois une rafale déviait Mariavah au moment où j’atteignais la bouée. En fait j’ai fini par foncer dedans à bonne vitesse, si bien que le bateau commence juste à culer au ras de la bouée. Le vent monte encore et je décide de ne pas tenter d’aller à terre dans ces conditions. Le seul yacht visiteur de Kilronan s’en va et je me sens un peu seule.
Mardi 24 juillet : Inishmore (Kilronan) : 0 milles
Beau temps
Finalement la nuit a été très calme. Il fait beau, le plan d’eau est lisse, l’idéal pour débarquer en kayak. Je me méfie néanmoins car la météo a annoncé un renforcement du vent dans la journée. C’est du côté sud de l’île que je vais me promener, empruntant des sentiers rocailleux qui montent vers le bord de la falaise, car l’île est inclinée jusqu’à basculer dans le vide vers le large, avec une grande falaise calcaire impressionnante. Le paysage est caillouteux et la verdure limitée, de grandes plaques de roche apparaissent dans les champs. Après plusieurs errements, je finis par trouver le chemin menant à Dun Duchatair, le fort noir. C’est une grande enceinte circulaire, haute et épaisse à sa base de 6 m. Comme le sentier , plein de cailloux, est assez pénible et mène à une vue vertigineuse sur les falaises, la plupart des touristes s’arrêtent là. Il faut marcher un peu le long de la côte jusqu’au fort, à travers les murest de pierre et les dalles de roches. On pénètre dans le fort par une étroite corniche entre la muraille et le vide, car le fort ferme l’accès à un éperon rocheux qui s’avance dans la mer. Le retour en kayak est un peu plus risqué, d’autant que je n’ai pas réussi (ou n’est pas eu la patience) d’assujettir correctement la jupe au kayak. Fort heureusement, le kayak passe très bien dans les vaguelettes et je n’embarque pas d’eau. Deux voiliers arrivent entre temps, un français (First 53) et deux anglais. Je les regarde manœuvrer pour prendre leur bouée, et non ce n’est pas facile. Un couple d’anglais fait bien une dizaine de tentatives. Leur équipage débarque alors que le temps commence à se gâter : pluie et vent.
Mercredi 25 et jeudi 26 juillet : Inishmore (Kilronan) : 0 milles
Vent S puis SW puis W force 5 à 7 avec rafales. Grains et éclairicies
Le vent s’est bien calmé dans la nuit alors que dans la soirée, le bateau dansait sur les vagues. Mais assez vite dans la matinée, le vent monte à nouveau .J’entends des cris vers 9h00 et je vois un des bateaux anglais qui dérive vers la jetée, avec apparemment personne à la barre. Je trompette avec ma corne de brume et vois le skipper en slip sortir pour reprendre le contrôle de son bateau. Il était temps. Voilà ce que c’est de faire la grasse matinée. Le yacht revient et là encore une fois, dur, dur la prise de bouée ! Comme c’est en fait leur amarre qui a cassé, j’en profite pour regarder l’état de mes amarres et je fais bien, l’aussière principale est à moitié sciée. Je la remplace avec une plus grosse en faisant un tour mort sur l’anneau de la bouée. L’état de la mer et les rafales de vent ne permettent pas de débarquer dans des conditions de bonne sécurité, mais pour passer le temps, il y a du spectacle dans le port. Des voiliers arrivent : un français qui manœuvre sous grand voile seule sans moteur, un belge en solitaire qui a l’air assez agité, puis un catamaran français. Le canot de sauvetage de l’île part et revient peu après avec l’annexe du bateau belge.
Puis, vers 17h00 au plus fort des rafales de vent et de la pluie, je lève la tête de mon livre, fait un tour d’horizon et constate que mon voisin anglais a disparu. Je trouve ça curieux, car ces gens n’avaient pas l’air très aguerri, pourquoi seraient-ils partis dans ce mauvais temps. Je regarde mieux et voit un voilier qui s’éloigne en crabe dans la baie de Kilronan. Aux jumelles, j’ai l’impression qu’il n’y a personne à bord. Je m’apprête à appeler le 16 à la VHF quand le canot de sauvetage déboule de derrière la jetée et se lance à la poursuite du voilier. C’est le même que ce matin, il a de nouveau cassé ses amarres, alors que le couple était en vadrouille à terre. Après plusieurs essais pour amarrer le voilier à une bouée, les sauveteurs finissent par l’amarrer aux bateaux de pêche derrière la jetée.
Le lendemain, c’est à peu près le même temps avec un peu plus de soleil et tout le monde reste à bord de son voilier. Je dévore deux livres en deux jours et en commence un troisième. C’est bien, mais ça manquent de mouvement tout ça.
Vendredi 27 juillet : D’Inishmore (Kilronan) à Cashla Bay : 13 milles
Vent W 4 à 5.
Ile me faut trois petites heures pour rejoindre Cashla Bay, d’où demain j’irai chercher mon équipier, Joël, à Galway. Et bien sûr, je me prends une bonne douche en arrivant près du mouillage. Sous la pluie, la bouée est récupérée du premier coup. Je découvre une station service et un garage à 200 mètres du quai. Dire qu’au même endroit, il y a plus d’une semaine, j’ai fait 3 heures d’effort pour avoir de l’essence, en prenant une mauvaise direction. L’escale est technique : Chargement des deux batteries par le garage, lessive, rangement du kayak, reconnaissance vers le village le plus proche, Carraroe.
Journal d’Irlande – 5 ème partie
courriel du 10 août – 13 h 33 – objet : Irlande, épisode 5
Bonjour a tous,
Nous sommes sur les starting blocks prêts a faire la traversée vers les Scilly J’ai bien peur que ce soit sous la pluie mais nous devrions avoir un vent de travers qui nous permettra de faire route sans problème. Je vous envoie le dernier journal de bord avec quelques photos. A bientôt, Anne-Marie.
De Cashla Bay à Lawrence’s Cove : 266 milles
Dimanche 29 juillet : De Cashla Bay à Inishmore : 9 milles
Vent N force 0 à 2.
Petite traversée essentiellement au moteur, faute de vent, et par grand beau temps. Cela nous laisse tout l’après-midi pour nous promener en vélo sur Inishmore. Comme c’est dimanche, il y a pas mal de touristes sur la route. Nous allons jusqu’à la pointe sud de l’île, vers le petit port de Killeany et ses drôles de tourelles en pierre. C’est un petit port de pêche à échouage où viennent hiverner les bateaux. Au bout de l’île, il y a une grande plage déserte, à l’exception d’une personne et d’un petit troupeau de vaches. Puis, contre le vent qui s’est bien levé dans l’après-midi nous pédalons jusqu’au fort de Dun Aonghasa. Au retour un petit arrêt au pub où dans le Beer Garden des musiciens s’exercent plus qu’ils ne jouent pour leur public affalé dans l’herbe.
Lundi 30 juillet : D’Inishmore à Fenit Harbour : 52 milles
Vent S force 0 à 2. Beau temps.
Nous partons de bonne heure, 6h30, parce qu’il y a de la route jusqu’au prochain port et pas beaucoup de vent. Dès la sortie du Gregory Sound, une troupe de dauphins nous accompagne. A l’intérieur du bateau, dans la cabine avant, je les entend siffler. Ils discutent entre eux un bon moment sous l’étrave de Mariavah. Quelque heures plus tard, une autre troupe de dauphins nous escorte, et encore une autre avant Loop Head et l’embouchure du Shannon. Ou est ce les mêmes ? Difficile à dire, les plus grands on des cicatrices sur le dos, des stries, les plus jeunes font preuve de fantaisie en croisant la route des autres au ras de leur bec. Un dauphin a dû donner un coup de queue à un de ses partenaires et l’autre essaie de le mordre en représaille. Le vent n’étant pas stable, il faut alterner voile et moteur et nous arrivons tard à Fenit Harbour, en traversant l’embouchure du Shannon, bien dégagée qui laisse voir loin dans le fleuve. A l’arrivée, je salue le maître de port de l’après-midi avec qui j’avais écouté la météo quelques semaines auparavant.Il nous indique une place nickel où nous passerons une nuit calme.
Mardi 31 juillet : De Fenit Harbour à Smerwick Harbour : 43 milles
Vent W 2 puis SW 3-4. Beau temps puis nuageux.
Comme il fait beau, peu de vent, bonne visibilité, pas de vagues, nous décidons de couper au plus court par Maglaree Sound, entre la pointe et un groupe d’îles. Dans l’angle où nous présentons le paysage est trompeur, car au lieu de voir six îles comme dans les Instructions Nautiques, on n’en voit que deux puis trois, elles sont toutes les uns derrière les autres. Mais tout rentre dans l’ordre au fur et à mesure que nous progressons dans le Sound, assez large dans sa partie sud. Il nous faut tirer des bords, au début avec peu de vent, puis le vent tourne et se renforce. Une vedette militaire déjà croisée lorsque nous sortions du port, nous double pour aller se cacher ensuite sous la falaise.
Le temps passe et nous progressons d’une manière assez misérable. Je commence à me demander si nous allons arriver à Smerwick Harbour avant la nuit. Il vaudrait mieux car à ma connaissance il n’y a ni phare, ni balisage lumineux. Le vent tourne un peu et adonne au pied de la falaise. Décidément ici, j’ai l’impression que le vent est plus fort ou plus favorable au ras de la côte, alors même que le vent vient de terre et donc que la falaise devrait nous déventer. Nous mouillons au fond de la baie de Smerwick, alors que la nuit tombe, peu avant 10 heures du soir. Smerwick Harbour n’est pas un abri très sûr, la baie étant largement ouverte mais là ce soir et jusqu’au matin, la baie est un vrai miroir sur lequel flottent et s’endorment les guillemots. Nous sommes près d’une plage, tout est désert et rien ne bouge.
Mercredi 1er août : De Smerwick Harbour à Dingle : 23 milles
Vent W 2 puis SW 3. Bruine et éclaircies.
Nous quittons le mouillage vers 8h00 (on se demande si c’est bien des vacances !), mais là encore il ya un impératif horaire, franchir le Blasket Sound avec un courant favorable, avant la renverse. Ce sera fait dans les temps ! Mais la bruine s’y met, et nous n’apercevons que de petits morceaux de falaises, d’les et de côtes^, tout en tirant des bords dans le détroit. A la sortie nous passons près de Slea Head et voyons des voitures sur la route très spectaculaire qui fait le tour de la péninsule de Dingle. Des gens descendent de voiture et nous regardent. Les pauvres, ils ne peuvent pas voir grand chose d’autre, ni les Blasket, ni la baie de Dingle, ni le sommet des montagnes. A 4 nœuds, nous longeons toutes ses falaises sud, passons devant la large entrée de Ventry Harbour et arrivons à Dingle où, bien sûr, l’inévitable Fungie nous accueille et nous accompagne dans le chenal à sa manière discrète de dauphin super géant. Nous passons la soirée au pub, où un guitariste nous fait un concert bien animé. C’est un irlandais qui vit aux Etats Unis en Louisiane, et il y a justement dans le pub plein d’américains dont une partie de cet état. New Orleans était le deuxième port d’immigration des Irlandais aux Etats-Unis. Ceci explique pourquoi tous ces Américains du sud connaissent par cœur les chansons. Il y a une sacrée ambiance et un chanteur de Dublin est aussi mis à contribution. Les plaisanteries fusent, on ne comprend pas tout. Le guitariste-chanteur-animateur nous rappelle les paroles pour que tout le public puisse chanter avec lui. Puis c’est l’hymne national, tout le monde debout dans le pub, à minuit pour la fermeture et la fin du récital.
Jeudi 2 août : De Dingle à Cahersiveen : 24 milles
Vent SW force 2 à 3.
NuageuxLe bulletin météo annonçant un gale warning, avis de coup de vent, pour vendredi nous décidons cet après-midi bde ne pas explorer Ventry Harbour, juste à côté de Dingle mais de nous rendre de l’autre côté de la baie, à Cahersiveen, dans la rivière qui se trouve à l’est de l’Ile de Valentia. Il y a là une nouvelle marina bien abritée, près d’une ville animée, l’endroit idéal pour attendre des conditions de navigation plus favorables. Dans le chenal du port, nous voyons 5 bateaux remplis de touristes en train de pourchasser Fungie, qui se fait de plus en plus furtif. Alors que nous continuons notre route vers la sortie, l’énorme dos gris du dauphin apparaît juste contre la coque de Mariavah. Après un petit moment d’errement les 5 bateaux convergent vers nous jusqu’à coincer le dauphin entre nous et eux. Fungie disparaît alors et nous apercevons au loin sa nageoire à l’autre bout du chenal, les bateaux aussitôt de faire demi-tour. Créons dès maintenant un comité de soutien à Fungie, pour le protéger du harcélement dont il est l’objet ! Il nous faut tirer des bords pour rejoindre les falaises sud de la baie de Dingle et le bateau avance entre 3 et 5 nœuds, tranquillement sous le soleil. Peu à peu le ciel blanchit d’alto-cumulus annonciateurs du changement de temps. Le vent semble adonner au ras des falaises noires et nous allons jusqu’à l’entrée de petites échancrures de la côte, Coonanna et Cooncrome Harbours.
Vers 19 heures, L’entrée vers Valentia Harbour apparaît derrière les falaises, avec au milieu Beginish Island avec son drôle de sommet en forme de bosse pointue sur lequel est perchée un petit batiment cubique. Nous prenons la passe nord qui fait passer entre le phare de Valentia et Beginish Island. Malgré le vent qui tourbillonne un peu nous arrivons jusqu’à l’entrée de la rivière, grâce à un balisage plus récent que la carte et les instructions nautiques que nous lisons. C’est beaucoup plus simple, il n’y a pas d’alignement et nous suivons les balises. La marina est un peu à l’abri du courant de la rivière et nous nous y enfonçons au plus profond pour être tranquille lorsque cela va souffler.
Vendredi 3 et samedi 4 août : Cahersiveen : 0 milles
Pluie , bruine, éclaircies.
Le bulletin météo affirme sa menace et prévoit du vent de force 7 à 8 pour la 2ème partie de la journée et malheureusement pour nous un vent de sud alors que nous voulons bien sûr descendre vers le sud. Etant coincés au port pour vraisemblablement deux jours, je fais part à mon équipier Joël de mes craintes quand au mauvais réglage du gréement, peut-être un peu trop mou. Il s’aperçoit qu’un ridoir est complétement grippé, le filetage est en mauvais état. Nous voici donc partis à la recherche des bricoleurs de Cahersiveen et nous faisons la tournée des garages. D’abord un réparateur de matériel de jardin, qui n’a pas le matériel adéquat, puis un garage qui a toute la collection de tarauds, sauf celui du bon diamètre, manquant dans la boite et enfin un 3ème garage quia ce qu’il nous faut. Joël fait lui-même l’intervention et le garagiste ne veut pas être payé. Le ridoir fonctionne comme un neuf et Joël règle la tension des haubans. Quant à moi, je navigue mais je ne sais pas bricoler…
L’après-midi, nous partons explorer l’autre rive de la rivière et nous venons d’apprendre ce matin un autre mot de vocabulaire, drizzle , la bruine. Au départ, la bruine ça ne mouille pas mais au bout d’un moment quand même… Enfin elle finit par s’arrêter, lorsque nous arrivons à un château du 15 siècle en ruines, mais impressionnant au bord de la rivière, avec sa tour de 25 mètres de haut. Plus haut, il y a deux forts circulaires en pierres sèches, superbement restaurés, Cahergall et Leacanabuaile. En haut des murailles, on sent bien les rafales de vent.
Le soir, nous allons au pub. Comme c’est vendredi soir, il y a plein de monde et les musiciens sont à peine audibles. Samedi, la météo n’annonce pas mieux. Nous explorons l’autre rive de la rivière, mais pas très loin, car le chemin côtier semble inconnu en Irlande. L’après-midi il ya fête au village et notamment une compétition de musique dans la rue, avec des groupes d’enfants assez jeunes mais aussi des adultes : ueilann pipe, harpe celtique, bodhran, tin whistle, et autres banjo, concertina, accordéon, et bien sûr du chant. Une estrade accueille les danseurs de danse traditionnelle, qui se fait souvent en carré de 4 couples, avec claquements de talons garantis. On dirait bien que cela a inspiré le square dance américain et les claquettes, why not ? La journée finit sous la pluie, avec un feu d’artifice que nous admirons de l’intérieur du bateau.
Dimanche 5 août : De Cahersiveen à Derrynane : 29 milles
Vent nul puis NW force 2 à 5. Beau temps, averses en fin de journée.
Nous partons le matin vers 10 heures avec l’étale de haute mer, car il y a beaucoup de courant dans la rivière. Miraculeusement la pluie qui n’a cessé de tomber depuis hier après-midi s’arrête vers 8h00. Nous empruntons la passe au nord de Beginish Island. La houle entre dans la passe d’autant plus que les fonds remontent de 40 mètres à une dizaine de mètres. Le vent n’est pas assez fort pour tenir les voiles dans les vagues, et nous naviguons au moteur. La houle, qui est quelquefois croisée rend nauséeux lorsqu’on est à l’intérieur du bateau. En doublant la pointe nord-ouest de Valentia, nous voyons les vagues venir du Nord-Ouest, puis repasser ensuite dans l’autre sens sous la coque, sans doute à cause d’une réverbération dans la falaise. Nous mettons sous voiles et le vent monte tout doucement. La houle attend environ deux mètres à hauteur des îles Blasket et le paysage apparaît et s’efface au rythme des collines d’eau.
En entrant dans la baie de Ballingskelligs nous sommes à 5 nœuds avec des vagues un peu plus courtes. Nous ratons l’entrée de Derrynane et faisons demi-tour au près. Il faut suivre un alignement au 13°, deux balises blanches sur la côte, puis passer entre une balise rouge et une noire. Nous affalons la grand voile car une vitesse de 6 nœuds n’est pas recommandée pour se faufiler entre deux rangées de cailloux. L’entrée est extrêment impressionnante et n’est pas plis large que 2à mètres avec la houle qui brise sur les rochers noirs. Du large, on ne voit rien du petit mouillage de Derrynane, encastré entre la côte et l’île de Lamb Island, avec tout au fons une belle petite plage et derrière une dune. Le mouillage est assez fréquenté par les estivants et l’endroit est superbe.
Derrynane : la plage et les rochers |
Lundi 6 août : De Derrynane à Sneem : 17 milles
Vent NW force 4 à 5 et rafales 6. Beau temps, averses en fin de journée
Le matin, un peu de tourisme, avec une balade aux environs de Derrynane et la visite de la maison de Daniel O’Connell, le libérateur. Derrirèe la plage de notre mouillage, il y a une autre plage de sable, bordée de dunes bien préservées et aménagées. Un peu plus loin, la plage est parsemée de gros rochers et encore plus loin gière recommandée pour la baignade à cause des rouleaux et des courants entraînant vers le large. Il y a ensuite un estuaire avec une petite rivière où la mer monte au milieu des bancs de sable. Daniel O’Connell avait été élu au Parlement irlandais au début du 19e siècle mais n’avait pas pu y sièger étant catholique. Lui et ses partisans on fait voter l’acte d’émancipation rétablissant les catholiques dans certains de leurs droits.
Après déjeuner nous prenons la mer et la sortie au milieu des rochers est toujours aussi forte en sensations : extremely narrow selon les Instructions Nautiques. Ca dépote, à 5, 6 nœuds, voire 7 au travers dans Kenmare River et en plus par beau temps. Contrairement au mois de juillet, nous ne voyons aucun macareux sur l’eau, alors qu’il y a un mois la mer en était couverte. Nous mouillons à Sneem, juste avant la pluie et je suis effarée par le nombre de bateaux. Alors qu’à l’aller nous étions 2 voiliers au mouillage, il y a déjà 6 bateaux français sans compter les anglais et les irlandais. Après la pluie, nous partons à la chasse au phoque et nous trouvons un gros pèpère sur un rocher avec une balise verte sur le dos. Il est un peu inquiet de nous voir, mais n’a pas trop envie de se jeter à l’eau. C’est marée basse et c’est l’heure de la sieste. Nous nous engageons ensuite dans un étroit défilé entre deux îles dont les bords rocheux tombent à pic. Nous apercevons un peu de vie sous-marine, des anémones, des minuscules étoiles de mer, un crabe. Le soir, alors que Joël joue de la flûte, le phoque vient nous rendre notre visite et observe les hommes sur leur drôle de rocher flottant. On voit son petit crane rond qui brille au soleil et son museau pointu et moustachu lorsqu’il plonge.
Mardi 7 août : De Sneem à Glengariff : 50 milles
Vent NW force 3 puis NNE NE 1 à 3. Nuageux puis beau temps, averses en fin de journée.
Nous partons du mouillage de Sneem juste après une escadre de cinq bateaux français qui étaient hier tout pavoisés. Le vent vient à manquer avant de revenir ensuite au portant. Les voiles ont du mal à rester en place dans les vagues puis le vent monte un peu lorsque nous arrivons en vue des falaises noires qui entourent le Dursey Sound. La houle devenant plus forte et le vent plus faible, il nous faut mettre le moteur. La mer est hachée à l’entrée du Sound et toutes les vagues ont une forme pointue. C’est d’autant plus impressionnant que l’entrée nord du Dorsey Sound est étroite, environ 300 mètres et plus loin, là où le détroit fait un coude, la mer apparaît bleue et plate comme un miroir. C’est comme si par ce couloir rocheux on passait d’un monde à l’autre, nuageux, noir et agité, à bleu, calme et ensoleillé. A nouveau sous voiles nous longeons la côte à 4 noeuds, sous les falaises, Black Ball Head, puis Bere Island. Nous arrivons à Glengariff un peu avant 8 heures du soir, non sans avoir vu des phoques sur les rochers près des îles. Plus tard dans la soirée, d’eux d’entre eux viennent prudemment nous regarder.
Mercredi 8 août : Glengariff : 0 milles
Beau temps.
La journée commence par une chasse photographique au phoque. En annexe, nous approchons doucement à la rame du premier rocher où paressent quelques phoques. Quelques uns plongent, les autres hésitent, et nous voilà désormais suivis par de petites têtes rondes à grosses moustaches. Nous passons entre Illnacullen et les deux autres ilots et avons la chance de voir de près deux phoques adultes et deux petits qui bien qu’assez inquiets vont rester sur leur rocher, alors que nous dérivons centimètre par centimètre à côté d’eux. Un gros phoque nous suit en respirant bruyamment et fait de gros ploufs en plongeant, manœuvres d’intimidation.
Joel emmène une batterie au garage pour recharge, elle était tombée très bas en tension. Puis l’après-midi, nous allons faire une balade en forêt, quelques courses dans l’épicerie, très mal fournie de Glengariff. Puis le soir dîner au pub pour changer et concert dans un autre pub. Il y a cinq musiciens, essentiellement des guitaristes, dont une joueuse de vielle, auxquels se joignent d’autres artistes dans le public : une chanteuse, un super flutiste et une autre jeune guitariste. Les musiciens sont bien rôdés et nous avons droit à une chanson française, Plaisir d’amour. C’est très sympathique.
Le retour au bateau est plus épique. La nuit est complètement noire, on voit à peine l’annexe et encore moins Mariavah, mais ô miracle nous allons directement sur notre voilier.
Jeudi 9 août : De Glengariff à Lawrence’s Cove : 20 milles
Vent SW force 4 à 5 et rafales 6. Pluie, s’éclaircissant l’après-midi
La météo annonce un small craft warning pour notre zone de navigation, force 6 de secteur Sud-Ouest en début d’après-midi, alors qu’il pleut, pleut et pleut… Le projet d’aller à Crookhaven ne tient plus car il faut passer le méchant cap de Mizen Head en tirant des bords, avec le vent annoncé ce n’est guère réaliste. Nous décidons d’aller à Lawrence’s Cove, la marina où je suis resté coincée une semaine en juin. Une bonne douche ne sera pas du luxe. Nous partons sous la pluie alors que les phoques sont tout trempés sur leur rocher, quand soudain, nous voyons un aileron près du bateau, puis deux autres. Ce sont de grands dauphins qui sont entrés dans la baie de Glengariff. Ils viennent nous voir puis s’enfoncent dans la baie. Sous cette pluie battante, tantôt fine, tantôt plus drue, on ne voit du paysage que des ombres et encore. Le vent forcit nous obligeant à prendre un deuxième ris. Il y a un peu de cafouillage dans la méthode et au bout de quelques dizaines de minutes, le ris est pris, bien souqué à plat. La pluie redouble de vigueur tandis que le ciel s’éclaircit vers l’ouest et que les falaises de l’autre côté de la baie apparaissent sous forme de grosse masse sombre sur l’eau, comme un gigantesque nuage d’orage. Puis, avec la pluie cesse le vent, et la houle reste. Moteur donc pour rejoindre la marina de Lawrence’s Cove. Il semble que le bulletin météo était un peu inexact, car cet après-midi il fait beau et la brise est légère. Ca ne fait rien un peu de confort avant la traversée pour les Scilly ne fait pas de mal. La propriétaire de la marina nous accueille gentiment en me demandant quelle navigation j’ai fait depuis le mois de juin.
Ce soir, nous irons au pub O’Sullivan, avec son ambiance patagonienne et dépouillée, sol en ciment et absence totale de chaleur et de décoration…
Journal d’Irlande – 6ème partie
courriel du 30 août – 14 h 10 – objet : le journal de bord du dernier épisode irlandais
Bonjour à tous,
Voici le récit de la traversée du retour. Ehoui, quand c’est fini, c’est fini ! Mes amitiés à tous ! Anne-Marie
De Lawrence’s Cove à Tréguier : 353 milles
Vendredi 10 au dimanche 12 août : De Lawrence’s Cove à Saint Mary (Scilly) : 196 milles
Vent nul, puis S et SW force 3 à 5, rafales à 6. Pluie pendant environ 24 heures, nuageux après.
En quittant la douillette marina de Lawrence’s Cove, il n’y a pas de vent mais un ciel bien plombé. Nous allons à Castletown Berehaven, faire de l’avitaillement, nourriture, essence.. Le port est sale et la mer fleure bon le poisson et le fuel, c’est un port de pêche dans toute sa splendeur. Et puis il pleut et ça mérite de faire les courses en ciré !. Au café internet, nous consultons la météo qui annonce un vent de sud-ouest de force 4, ce qui devrait nous permettre de naviguer au travers jusqu’aux Iles Scilly. Nous partons dans l’après-midi et la pluie persiste et l’absence de vent nous oblige à faire route au moteur. Dès le départ, Joël et moi prenons le rythme de la traversée au large : 3 heures chacun, à tour de rôle.
Profitant du calme relatif, je longe la côte, direction Sheep’s Head, qui sépare la baie de Bantry de celle de Dumanus, beaucoup plus étroite. Dans les nuages qui trainent au ras de la mer, on ne voit pas grand chose hormis des falaises noires et de temps en temps des voiliers ballotés dans les vagues, qui nous croisent. Brave petit moteur hors-bord, il attaque la vague et peine à 3 nœuds, mais guère plus. La houle augmentant en approchant des deux caps suivants, Three Castle Head et Mizen Head, j’appuie le moteur avec la grand voile en tirant des bords. Un grand voilier me double avec aisance puis un autre plus petit a mis son moteur à fond pour me doubler par l’avant, et je vois sa coque bleue faire des bonds de cabri dans les vagues. Il passe à quelques mètres. Vers Mizen Head, il s’arrêter et hisse péniblement sa grand voile près de la falaise, alors même que les vagues poussent vers la côte, sans doute a-t-il un problème de moteur. Je me demande s’il faut aller voir, mais ils ne font aucun signe quand je les double et finalement leur bateau s’éloigne lentement vers le large. Ceci dit, j’aurais bien été embêtée s’ils m’avaient demandé un remorquage ! La houle devient un clapot pointu près de Mizen Head et puis, une fois tourné le cap, il y a du vent. Un bon petit vent, plein sud, ce qui va nous contraindre à faire du près pour atteindre les Scilly. Le vent forcit, il faut rentrer l’inter, mettre le solent, prendre un ris, puis deux avant la nuit. Notre route nous amène à raser le Fastnet, il faut même faire un petit crochet pour ne pas couper le phare en deux.
La nuit arrive et la lumière du Fastnet balaie la mer derrière nous. L’allure est inconfortable, Mariavah tape dans les vagues, la houle nous ralentit, il y a de fortes odeurs d’essence dans le carré. J’y tiens allongée pour dormir, mais autrement c’est insupportable et nous avons des nausées. A mon premier quart de nuit, et il faut dire que la nuit est bien noire, je vois la crête blanche des vagues, mais par moment il y a des traits lumineux qui viennent très rapidement de l’arrière et disparaissent sous le bateau. Exactement comme si des torpilles étaient lancées sur nous. Je mets un peu de temps à comprendre que ce sont des dauphins. En me penchant, j’en vois un à l’arrière juste derrière le safran, et puis un autre sur le côté. Ils sont phosphorescents et leur forme est dessinée par les étincelles du plancton qu’ils déplacent. L’image est fantastique, on dirait des spectres et on voit même le trou sombre de leur évent qui s’ouvre lorsqu’ils respirent. Plus tard, Joël essaiera de les voir avec une lampe mais ils fuient la lumière. De jour, nous en croisons plus loin de grands dauphins tursiops, ils viennent voir mais ne restent pas longtemps contrairement à leurs cousins plus petits, les dauphins communs.
La pluie s’arrête enfin , puis reprend avec les grains qui arrivent. Je suis un peu inquiète car j’ai écouté France Inter et les infos annoncent que le parcours de la course du Figaro est raccourci en raison de vents violents vers le Fastnet dans 48 heures. Déjà le vent que nous subissons est plus fort que celui annoncé par la météo. Au crépuscule, l’éclaircie arrive enfin et le vent bascule au sud-ouest, et tant mieux, car jusqu’à maintenant nous n’avions pas pu faire cap direct sur les Scilly. A la fin de la journée, nous croisons le car ferry, Pont Aven, et je l’appelle à la VHF pour avoir un bulletin météo, car voilà deux jours que France-Inter diffuse des matchs de football au lieu du bulletin météo de 20 heures, et ça me mets positivement en rage. Impossible également de capter la Vhf anglaise. Le ferry me répond très aimablement et me donne des prévisions rassurantes. La nuit, nous croisons un cargo qui vraisemblablement monte sur l’Irlande et un pêcheur. Puis nous apercevons les pinceaux lumineux des trois phares d’atterrissage sur les Scilly, il n’y a pas à se tromper, de babaord à tribord : Seven Rocks, 3 éclats trente secondes, Round Island, 1 éclat toutes les 10 secondes, et Bishop Rock, 2 éclats 15 secondes. Plus besoin de regarder le compas, il suffit de viser entre Round Island et Bishop Rock pour arriver sur le côté est de l’archipel des Scilly.
Bientôt, on aperçoit le foyer des phares alors qu’auparavant on ne voyait que leur pinceau lumineux. Un feu rouge m’intrigue un moment surtout qu’il se transforme en deux feux rouges superposés, ce ne peut pas être un bateau et le signal est étonnamment fixe ; Finalement le mystère s’éclaircit : c’est une antenne. L’aube se lève sur les Scilly et c’est vers 7h20 que nous jetons l’ancre à Port Cressa, après avoir largement contourné les Western Rocks. Après le petit déjeuner un bon somme réparateur de 3-4 heures nous requinque, tandis que par le capot ouvert le soleil entre à grands flots. Il fait un temps magnifique, les gens sont à la plage et St Mary nous tend les bras. Mais je suis inquiète pour la météo. Après avoir consulté mes documents je trouve un numéro de répondeur météo consultable de l’étranger. Les prévisions météo pour mardi et mercredi sont catastrophiques, il faut repartir.
Dimanche 12 au mardi 14 août : De Saint Mary (Scilly) à Tréguier : 156 milles
Vent W puis SW 2 à 3. Beau temps, grains lundi soir.
Le bulletin météo est le suivant : vent W 3 à 5 virant S lundi après-midi, avis de coup de vent pour mardi et mercredi force 7 à 9. Il faut donc partir maintenant, traverser la Manche, puis longer ensuite la côte jusqu’à Tréguier, et arriver avant que le temps ne se gâte. Nous partons vers 17h30, heure locale, et faisons un cap au 120 puis au 150, car il n’est pas possible de faire tenir les voiles au grand largue, à cause des vagues. Ce cap nous amène tout juste entre Ouessant et la côte. Si la bascule de vent annoncée se produit bien, elle devrait ensuite nous remettre sur notre route. La nuit est sombre mais la visibilité excellente. Nous commençons par traverser les rails qui longent l’Angleterre. Il y a quelques cargos mais en quantité assez limité. Dans le milieu de la nuit, on voit à la fois les phares anglais et les phares français, notamment les deux phares d’atterrissage qui encadrent l’entrée de la Manche, le Creac’h à Ouessant et Lizard Point, qui ont respectivement une portée de 34 et 25 milles : Impossible de louper l’entrée de la Manche.
Quelques heures plus tard, on peut distinguer un autre phare plus tenu, un peu estompé par le puissant rayon du Créac’h, et se doit être l’Ile Vierge, portée 27 milles. Vers 9h30 le lendemain matin, alors que nous venons de franchir l’avant-dernier rail côté français, je reprends la barre, tandis qu’un petit paquebot illuminé passe derrière nous. D’autres cargos vont suivre, d’assez loin, ils vont vers l’ouest et quittent la Manche. Alors qu’au bout d’un moment, je me demande si nous allons bientôt traverser le dernier rail (bateaux allant vers l’est et entrant dans la Manche), je me retourne et découvre avec stupeur trois cargos qui viennent vers moi, trois bateaux de front.! Pas de panique ! Vérifier aux jumelles dans quel angle ils se présentent. Attendre un peu que les choses se précisent, mais ils avancent vite, les vilains ! Bon, apparemment le cargo rouge passe derrière. Le petit cargo gris semble venir droit vers nous. Mais le plus préoccupant c’est le grand porte-container vert qui fonce. En le laissant approcher, j’estime que je suis sur son flanc babord. Il faut que j’y reste. Je tire un bord vers le cargo gris, tant pis on verra après. Et j’attends. Mon hypothèse se confirme, le porte-conainer va nous passer devant mais très près…
Une fois que le risque de collision est évité, je reprends mon cap ce qui me rapproche un peu plus du flanc du porte-container. Il faut tourner la tête de gauche à droite pour lire le nom de sa compagnie, écrit en grosses lettres blanches EVERGREEN. Et vite, très vite, nous voyons son tableau arrière « EVERSTEADY-PANAMA » (vitesse : 25 nœuds, longueur 300 m). Dans le même temps, le cargo rouge passe derrière nous et le petit cargo gris, à la traîne, passera loin derrière. Apparemment il s’est fait doubler à droite par le porte-container et à gauche par le cargo rouge, alors que nous traversions le rail. Ouf !
Après ce festival, c’en est fini avec les rails, et retour à la croisière côtière… En approchant un peu plus de la côte, vers midi, on aperçoit la haute silhouette du phare de l’Ile Vierge, quasiment plein sud. Nous croisons plus tard un drôle de voilier à phares carrés. Quelques heures plus tard alors que le vent a tourné nous arriverons au large de l’île de Batz. C’est alors qu’un grain avec de bonnes rafales fond sur nous. Sans toile à l’avant , on a rentré l’inter, il faut se bagarrer avec la barre pour limiter les embardées, et puis le vent se calme aussi vite. De gros nuages dans la baie de Morlaix nous menacent mais il pleut à peine en mer. Vers 20h30, nous sommes entre Perros-Guirec et les Sept Iles, aux environs de l’étale de haute mer, le courant va ensuite nous être défavorable.
Nous arrivons à l’entrée du balisage de Tréguier, la Basse Crublent feu à éclat rouge, l’alignement de deux phares à occultation, puis le phare à secteur de la corne juste à l’entrée de la rivière. La nuit est tellement obscure qu’il est impossible de voir les balises non éclairées, mise à part petit Pen Ar Guézec que nous frôlons. Dans la rivière, je coupe un peu la route et nous ne trouvons pas non plus la petite balise verte qu’il faut contourner à marée basse. C’est autre chose de remonter la rivière la nuit, même si pourtant je la connais bien, et en arrivant près du port, depuis la dernière balise rouge, nous ne trouvons pas les dernières balises vertes. En avançant au jugé, le bateau tape dans un caillou et s’immobilise dans la vase, Mariavah a attaqué la berge gauche. Nous dégageons facilement le bateau en marche arrière au moteur et repartons vers la balise rouge. De là, impossible de voir les vertes suivantes, et nous avançons par tâtonnements : aller près du quai mais pas trop, trouver le ponton d’attente, le laisser à droite et de là atteindre la première balise verte. Tout rentre dans l’ordre. J’apprendrai plus tard que les Phares et balises avaient d éplacé la première verte, et à marée basse, la nuit, ça pose quand même un sérieux problème ! Nous amarrons Mariavah à 2 heures du matin le mardi 14 août, au ponton visiteur face au courant. C’est la fin de notre périple irlandais de 1.734 milles, entamé le 10 juin. Brave petit bateau !
Journal d’Irlande – fin
courriel du 16 août – 11 h 36 – objet : Irlande, le retour
Bonjour à tous,
Voilà, mon périple de 1.834 milles s’est terminé mardi 14 août à 2 heures du matin par l’arrivée à Tréguier. Le retour s’est fait en deux étapes seulement, avec juste quelques heures de pause aux Scilly, pour cause de météo fort menaçante. Je vous enverrai dans les prochains jours le dernier journal de bord avec quelques photos.
Reste le plus dur à faire : retrouver le rythme et la foule parisiens et TRAVAILLER … Bon courage à ceux qui bossent et bonnes vacances aux autres. A bientôt, Anne-Marie.